Frans Floris

dit Floris de Vriendt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre flamand (Anvers v.  1519/20  – id.  1570).

Fils du sculpteur Cornelis Floris, il devint en 1538, à Liège, l'élève de Lambert Lombard qui rentrait d'Italie et, en 1540, s'inscrivit comme maître à la gilde d'Anvers. Vers 1541, il partit pour Rome, où il fut profondément impressionné par le Jugement dernier de Michel-Ange, d'après lequel il fit de nombreux dessins, et par les Loges de Raphaël au Vatican ; il voyagea aussi à Mantoue, étudiant Giulio Romano, à Gênes et à Venise. Floris subit ainsi l'influence de Tintoret, de Vasari, de Daniele da Volterra, de Salviati et de Zuccari, autant que les antiques. De retour à Anvers en 1547, il connut un succès énorme et acquit bientôt une fortune considérable qui lui permit de se faire construire une demeure somptueuse, de style italien. Devenu le principal représentant du Romanisme à Anvers, Floris peignit avec virtuosité des sujets religieux, des compositions mythologiques, des portraits et dirigea un atelier fréquenté par plus de cent élèves. Considéré par ses contemporains comme un novateur important, il eut une grande influence sur son entourage non seulement du fait des nombreuses compositions religieuses destinées aux églises d'Anvers, de Bruxelles, de Delft entre autres, mais aussi en raison des multiples dessins qu'il proposa aux graveurs, Cornelis Cort et Fr. Menton par ex.

Dès le début de sa carrière, Floris voulut s'imposer par ses connaissances apportées d'Italie. Ses premiers tableaux signés et datés remontent à 1547 : triptyque avec Cinq Saints (Rome, coll. part.), où se reflètent des influences vénitiennes ; Vénus et Mars pris dans le filet de Vulcain (loc. inc.). Dans ce dernier tableau, Floris s'est inspiré du style de Lucas de Leyde. La Chute des anges rebelles du musée d'Anvers, commandée par la gilde des escrimeurs de la ville, porte un monogramme et la date 1554. L'artiste a essayé ici d'égaler le style héroïque et monumental de Michel-Ange, sans vraiment rendre vivants les mouvements et les formes, qu'il a voulus grandioses. En 1554, également, fut exécuté le triptyque avec le Calvaire de l'église d'Arnstadt. La Joueuse de harpe (1555) et le Saint Luc (1556, musée d'Anvers) ne se distinguent guère des productions courantes et soignées de l'époque. Dans tous ces tableaux, où il renie quelque peu la tradition flamande dans son besoin de couleurs intenses et son lien très sûr avec la réalité, Floris ne parvient guère à s'affirmer. Son vrai talent se manifeste en deux portraits signés de 1558 qui forment pendants : la Dame âgée (musée de Caen) et le Fauconnier (Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum). Contrairement à la conception des portraits contemporains, où les personnages sont représentés dans une pose raide et conventionnelle, Floris a su capter d'une façon directe et magistrale l'exactitude de la physionomie, la mobilité de l'expression du visage, la sensation de l'instantané et le charme d'une présence vivante libérée de toutes conventions. La sincérité émouvante de ces chefs-d'œuvre ne se retrouve pas dans l'Adam et Ève (1560, Offices) ni dans le Banquet des dieux marins du Nm de Stockholm, qui porte un monogramme et la date 1561. Ce dernier tableau ne diffère pas sensiblement de l'Assemblée des dieux, peinte en 1550 et conservée au musée d'Anvers. La volonté de l'artiste d'égaler les Italiens dans ces sortes de compositions n'aboutit pas toujours à un résultat satisfaisant : il ne parvient guère à créer une impression d'espace ni à établir un rythme synthétique liant les groupes divers de sa composition. Également laborieux paraît le Jugement dernier de 1565 (Vienne, K. M.). Une version plus grande de ce thème figure dans un triptyque du M. R. B. A. de Bruxelles signé d'un monogramme et daté 1566. L'Adoration des mages (Bruxelles, M. R. B. A.), inachevée à la mort du peintre, a été reprise par son élève Hieronymus Francken et porte les monogrammes des deux peintres ainsi que la date 1571. Vu à travers ses œuvres attestées, le style de Floris ne semble pas avoir évolué d'une façon remarquable ; l'enthousiasme de Van Mander et de ses contemporains ne peut être partagé sans réserve devant les tableaux de ce peintre virtuose que trahit en général sa facilité.