Albert Eeckhout

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre néerlandais (Groningue [ ? ] 1607/1612  – id. v.  1665).

Il est, avec Post, l'un des meilleurs peintres et l'un des plus variés que le prince Jean Maurice de Nassau, dit " Maurice le Brésilien ", emmena avec lui lors de son gouvernement brésilien (1637-1644). En 1645, Eeckhout est cité à Groningue, puis habite à Amersfoort. De 1653 à 1663 env., on le retrouve peintre de cour chez le prince électeur de Saxe à Dresde où il peignit le plafond du château de Höflösnitz. En 1664, il est de nouveau signalé à Groningue. Ayant peut-être subi l'influence de Jacob Van Campen, comme on peut le déduire des grandes et robustes natures mortes décoratives de ce dernier à la Huis ten Bosch à La Haye, Eeckhout fut, dans l'équipe du prince Maurice, le spécialiste de l'histoire naturelle : les Deux Tortues, esquisse à l'huile sur papier (Mauritshuis). Une sorte de sens naïf du document ethnographique, étonnant pour l'époque au point de faire penser à l'exotisme fantastique du Douanier Rousseau, rend particulièrement impressionnante la série des grands portraits d'indigènes brésiliens (types de chaque tribu) conservés au Nm de Copenhague grâce au don du prince Jean Maurice au roi Frédéric III de Danemark en 1654 (toutefois, une partie de ces œuvres eut pour auteur le peintre zélandais Beckx en 1643). Quant aux tableaux d'Eeckhout donnés par Maurice à Louis XIV en 1679 — en même temps que ceux de Post —, ils servirent de cartons aux Gobelins pour la fameuse tenture des Indes tissée en 1689-90, qui devait connaître un immense succès ; ces derniers tableaux d'Eeckhout ont malheureusement disparu, en revanche, les 4 remarquables volumes d'esquisses dessinées composant un Theatrum rerum naturalium Brasiliae, que l'on croyait perdus, ont été retrouvés à Cracovie (Bibliothèque Jagellon), ce qui permet de se faire une idée du dessinateur. De belles études d'Indiens nus rappellent la manière d'un Flinck ou d'un Backer et renvoient ainsi à l'atelier de Lambert Jacobsz, où Flinck et Backer firent justement leurs débuts et où Eeckhout lui-même les a peut-être connus.