école de Cologne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Tirée de l'oubli par les romantiques (en particulier les frères Boisserée) au début du xixe s., Cologne reste de nos jours la plus populaire des écoles allemandes. Si la critique actuelle ne montre plus l'enthousiasme des écrivains du siècle dernier — ceux-ci pensaient que Cologne avait concentré tout l'effort artistique du xve s. —, elle reconnaît l'intérêt et l'originalité de cette école, qui donna, pendant plus d'un siècle, l'expression la plus complète de l'inspiration religieuse en Allemagne.

Située sur la rive gauche du Rhin, au carrefour des routes de France, d'Allemagne et des Pays-Bas, l'ancienne Colonia Agrippinensis, forte d'une activité séculaire — à l'époque de Charlemagne, les arts de la miniature et de l'orfèvrerie y florissaient —, a été dès le Moyen Âge non seulement la ville la plus riche de la Basse-Allemagne, célèbre par le luxe de ses églises, mais surtout la métropole économique et religieuse des pays rhénans. Un clergé puissant, une aristocratie et une bourgeoisie opulentes et dévotes, des prédicateurs ardents — Maître Eckart, Johann Tauler, Heinrich Suso — contribuèrent à y créer un climat particulièrement propice à l'éclosion d'une école de peinture " contemplative et lyrique ".

C'est à partir du début du xive s. que l'on peut suivre avec plus de précision l'évolution de l'art colonais. Durant la première moitié du siècle, plusieurs petits retables à volets anonymes (musées de Berlin ; Cologne, W. R. M.), rapprochés parfois de l'œuvre du miniaturiste Johannes von Valkenburg, montrent l'adhésion des peintres colonais au style gothique linéaire. La fin du xive s. et le premier quart du xve sont dominés par la personnalité du Maître de Sainte Véronique (longtemps confondue avec celle d'un hypothétique " Maître Wilhelm "), adepte du " style doux ", manifestation germanique du style gothique international. L'influence de l'atelier de ce maître fut considérable, persistante et étendue jusqu'en Westphalie et en Basse-Saxe. Les couleurs claires, le modelé à peine indiqué, le mysticisme tendre de ses œuvres se retrouvent chez plusieurs excellents artistes (le Maître du Calvaire Wasservass) et surtout, liés au réalisme souabe, chez Stephan Lochner, au milieu du xve s., le maître le plus célèbre de l'école de Cologne. Les Vierges de cet artiste, si elles sont moins immatérielles, moins ingénues que celles du Maître de Sainte Véronique, restent recueillies et suaves. Au lendemain de la mort de Lochner (1451), son prestige continuera de s'exercer, et les Colonais resteront fidèles à son goût de la somptuosité chromatique et à sa fraîcheur narrative, mais en se laissant fortement marquer par la manière flamande. Le style un peu raide de D. Bouts (dont un retable se trouvait à l'église Saint-Laurent) influence ainsi le Maître de la Légende de saint Georges, le Maître de la Passion de Lyversberg, le Maître de la Vie de Marie, le Maître du Diptyque de Bonn, familiers aussi de l'art de Rogier Van der Weyden, qui avait peint en 1451 une Adoration des mages pour l'église Sainte-Colombe. À la fin du siècle, le Maître de la Sainte Parenté, encore influencé par Lochner, le Maître de Saint Séverin, le Maître de la Légende de sainte Ursule, le Maître du Retable d'Aix-la-Chapelle et surtout le puissant Maître du Retable de Saint Barthélemy (qui a dû connaître les peintres d'Utrecht) donnent à l'école de Cologne un dernier éclat. Liés à l'esthétique flamande ou hollandaise, ces artistes font preuve d'une veine expressive pleine de saveur et d'un souci exceptionnel de perfection technique.

Les dernières manifestations de la peinture colonaise portent l'empreinte, au xvie s., des romanistes tels que Joos Van Cleve, Jan Joost Van Kalcar. Leur influence et celle de Derick Baegert, qui travaille à Wesel, déterminent l'évolution de Bartholomaus Bruyn, dernier nom à citer de l'école de Cologne, qui s'éteint avec le fils de Bruyn et Anton Woensam le Jeune.