les Van Cleve

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintres flamands.

Joos (Clèves [ ? ] v.  1484  – Anvers 1540-41). On l'a identifié avec le Maître de la Mort de Marie, ainsi appelé à cause de 2 retables (œuvres de ses débuts) représentant ce sujet et conservés à Munich (Alte Pin.) et à Cologne (W. R. M.). Il est franc maître à Anvers en 1511 et doyen de la gilde de Saint-Luc en 1519 et 1525. Il aurait habité Bruges avant de venir à Anvers ; il a subi, en tout cas, l'influence de Memling (la Vierge et l'Enfant adorés par saint Bernard, Louvre) et de Gérard David (le Repos pendant la fuite en Égypte, Bruxelles, M. R. B. A. ; la Mort de la Vierge, Munich, Alte Pin.). Il n'est pas certain qu'il ait séjourné en Italie, où cependant se trouvent plusieurs de ses œuvres (églises et musées de Gênes notamment). Au reste, certains de ses tableaux révèlent une influence italienne très marquée. Ainsi, le Retable de saint François (Louvre), exécuté v. 1530-1535, évoque à la fois l'art de Léonard et celui de Gaudenzio Ferrari. On sait qu'il fut appelé à la cour de France v. 1530 pour exécuter des portraits de François Ier (Philadelphie, Museum of Art, coll. Johnson) et de sa seconde femme, Éléonore de France (Vienne, K. M.), et qu'il fit à Londres, en 1536, le Portrait d'Henri VIII (Hampton Court). Il est l'un des meilleurs portraitistes du temps, et le naturel plein de distinction de ses figures (Autoportrait, Madrid, fondation Thyssen-Bornemisza ; Femme au rosaire, Offices ; Portraits d'hommes, musée de Lyon et Louvre) fait parfois de lui l'égal de Holbein.

On doit à Joos Van Cleve des tableaux religieux, retables, polyptyques ou panneaux isolés (musées de Berlin, de Bruxelles, de Detroit, de Dresde, de Munich, de Philadelphie, de Prague, Metropolitan Museum). L'artiste fut copié par les élèves de son atelier anversois.

Cornelis (Anvers 1520 – id. 1567). Fils de Joos, il vit dans l'aisance lorsqu'il part pour Londres en 1554 afin de présenter quelques-unes de ses œuvres au roi Philippe II d'Espagne, qui s'y était marié avec Marie Tudor. Antonio Moro, peintre officiel du roi, se charge de recommander l'artiste au souverain, mais ne parvient pas à le faire accepter. Van Cleve, se croyant lâchement trompé par son protecteur, conçut à son égard un vif sentiment de haine. Ruiné et sans espoir, il perd la raison à l'âge de trente-six ans. Il sera surnommé " Sotte Cleef " (Cleve le fou). On le renvoie dans sa patrie en 1560. C'est à l'historien d'art Friedländer que revient le mérite d'avoir pu l'identifier avec le Pseudo-Lombard. Les œuvres les plus importantes de l'artiste se trouvent à la Gg de Dresde (Adoration des bergers), à Anvers (Adoration des mages), à Saint-Pétersbourg (Adoration des mages), à Cologne (Portrait de femme) et à Hampton Court (Adoration des bergers). Il a peint plusieurs compositions avec la Vierge et l'Enfant (musées de Bruges, de Berlin, de Munich, de Philadelphie, église Saint-Jacques à Anvers). Son style s'inscrit dans la tradition flamande, mais, inspiré par l'exemple de son père, de P. Coecke, de F. Floris et d'A. Moro, Cornelis Van Cleve s'est laissé influencer par Raphaël, Léonard de Vinci et Andrea del Sarto.