les Bril

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintres flamands.

Matthijs (Anvers 1551  – Rome 1583). Avec son frère Paul, il est considéré comme l'initiateur du paysage classique de Poussin et de Lorrain. Il est à Rome peu avant 1575, où il devient membre de l'académie de Saint-Luc en 1581. En 1582-83, il est invité à exécuter les fresques de la Torre dei Venti du Vatican. Mais ce sont les voûtes de la galerie des cartes géographiques du même palais qui permettent de mieux juger de ses qualités de paysagiste (Paysage avec le sacrifice d'Abraham) ; il exécuta ces compositions avec Girolamo Muziano, dont le métier, plus large, devait étoffer ce qu'il y avait de trop minutieux chez le maître flamand. Si les archives romaines mentionnent plusieurs tableaux de chevalet de la main du peintre, aucun de ceux qui lui sont actuellement attribués n'est authentifié. Seule une critique stylistique permettrait une attribution en se référant à la facture de ses fresques et de ses dessins (Louvre ; bibl. de Bruxelles), et aux gravures de H. Hondius d'après ces derniers.

Paul (Anvers 1554 – Rome 1626). Peintre de fresques et de tableaux de chevalet, il joua un rôle considérable sur l'évolution du paysage européen. Après des débuts modestes à Anvers, dans l'atelier de Damien Wortelmans, où il décorait des clavecins, c'est vers 1575, d'après Van Mander, qu'il serait allé à Rome, où il est admis à l'académie de Saint-Luc en 1582. Avec son frère Matthijs, il travaille à la décoration de plusieurs salles du Vatican (la salle ducale, le plafond de l'escalier de la Scala Santa à partir de 1589) avant d'orner, avec un souci du pittoresque caractéristique de son origine flamande, les lunettes de la voûte de la sacristie de la chapelle Pauline à S. Maria Maggiore. Vers 1599-1600, inspiré par l'école de Girolamo Muziano, il vise à plus de simplicité et de grandeur dans les fresques de S. Cecilia et dans celles de palais romains (palais Rospigliosi). À la même époque, il peint un tableau très original, le Joueur de luth (v. 1600, Providence Rhode Island, School of design), représentant un musicien très caravagesque d'allure, assis à côté d'un tableau de paysage. Puis, sous d'autres influences, notamment celle du réalisme minutieux d'Elsheimer, il modifie de nouveau son style ; se consacrant presque exclusivement à la peinture de chevalet, il s'intéresse aux sites romains : ses Vues de Rome, peintes sur panneaux (1600, musée d'Augsbourg ; Brunswick, Herzog Anton Ulrich-Museum ; Dresde, Gg ; musée de Spire), le signalent comme le créateur du paysage romain, dont le succès allait se poursuivre longtemps. Son style s'élargit avec la fresque du Martyre de saint Clément (1602 ?, Vatican, salle Clémentine) et surtout avec les Vues de ports, comme celle de la bibl. Ambrosienne de Milan (1611 ?), dont est proche celle du M. R. B. A. de Bruxelles. Cependant, des tableaux comme le Paysage montagneux (1608, Dresde, Gg), les Pêcheurs (1624, Louvre), le Paysage avec la chute d'eau (1626, musée de Hanovre) montrent que P. Bril n'a pas oublié la tradition flamande : l'abondance des feuillages ou la présence de l'eau au premier plan trahissent le souvenir du Nord. Ce qu'il fait apprécier à Rome par ses nombreux tableaux ou dessins, c'est la conception d'un paysage sans doute décoratif, mais toujours pittoresque et qui trouve son harmonie grâce à ce goût de l'équilibre qui fait de lui le précurseur de paysagistes classiques tels que Poussin ou Claude Lorrain, qui eut d'ailleurs pour modèle un élève de Bril, Agostino Tassi. La fortune de ce style nouveau, qui s'opposait à celui de Gillis Van Coninxloo et des peintres septentrionaux annonciateurs du Baroque, devait se signaler immédiatement par le nombre des imitateurs de Bril, dont Martin Ryckaert, Willem Van Nieulandt, Balthasar Lauwers et, dans une moindre mesure, Jacques Fouquières. Le Louvre conserve de Paul Bril un important ensemble de paysages aux sujets religieux, mythologiques ou profanes (coll. de Louis XIV).