Étude d'après un portrait du pape Innocent X par Vélasquez

Peinture de Francis Bacon (1953). Marlborough Gallery, Londres.

Le Pape Innocent X de Diego Vélasquez (1650) a été le sujet, depuis 1948, de plusieurs toiles de Bacon, qui, bien qu'ayant séjourné à Rome, avoue n'avoir jamais vu l'original (conservé à la galerie Doria), mais qui se réfère au peintre espagnol comme à un portraitiste d'une sensibilité exemplaire : « Ce pape, déclare-t-il au critique anglais David Sylvester, me hante et m'ouvre à toutes sortes d'impressions et même, allais-je dire, de domaines de l'imagination. » Le pape, bizarrement affublé des lunettes de Pie XII (dont les photographies inspirent d'autres toiles à l'artiste), est enserré à la fois par le dossier et les côtés rigides du siège pontifical et, comme souvent les sujets de Bacon, par une cage transparente. Ces cages sont destinées, selon le peintre lui-même, à « enfermer le modèle pour mieux le saisir ». Elles ne sont pas sans rappeler les cages d'Alberto Giacometti, artiste qui présente d'autres points de ressemblance avec Bacon, notamment un regard sur le corps humain qui se traduit par une expressivité tout aussi tragique.