Vénus et l'Amour voleur de miel

Peinture de Cranach l'Ancien (1509). Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg.

Cranach et son atelier déclinent dans plus d'une dizaine de panneaux cette iconographie, dont le sens est commenté dans le quatrain en latin peint en haut à droite. Le sujet est emprunté aux Idylles de Théocrite : poursuivi par les abeilles dont il a dérobé le miel, l'Amour se réfugie auprès de sa mère, qui le console en lui expliquant que ses flèches sont plus douloureuses que les piqûres de ces insectes. En les dotant de regards suggestifs, de poses à la fois alanguies et artificielles, Cranach confère une troublante sensualité à ses nombreuses représentations féminines issues de la mythologie et de l'Ancien Testament, et que les silhouettes aux épaules tombantes, aux seins petits, au ventre proéminent, aux jambes allongées rapprochent des madones d'ivoire gothiques. Ici, la scène est placée dans un paysage sans pourtant s'y intégrer. Celui-ci tient lieu de décor : le feuillage sombre fait ressortir le corps de Vénus, l'arrière-plan donnant une certaine profondeur à l'œuvre. La luminosité du ciel s'équilibre avec les carnations du fils et de la mère, dont la froide sensualité est accentuée par la transparence du voile et le raffinement des bijoux.