la Vision de saint Eustache

Peinture d'Antonio Pisano, dit Pisanello (1436-1438). Détrempe sur bois, 65 x 53 cm. National Gallery, Londres.

Vraisemblablement formé en Lombardie, dans le milieu des miniaturistes, Pisanello offre des talents multiples et accomplis, comme médailliste, peintre de fresques et de panneaux, dessinateur.

Sans doute en raison de ses liens avec les milieux princiers, il choisit de faire perdurer les valeurs esthétiques du gothique tardif, sans toutefois ignorer l'Antiquité et les valeurs humanistes naissantes. Au point que l'historien d'art Berenson pourra dire de lui, en 1897, qu'il fut le « soleil couchant de la chevalerie ».

La Vision de saint Eustache, œuvre de sa dernière période d'activité, s'inscrit dans une série de créations inspirées par l'intérêt qu'il porte aux légendes et à l'héraldique. L'imaginaire médiéval et la culture courtoise donnent forme à cette composition.

L'allégorie, fortement stylisée, a l'ambition de montrer le sens caché des choses. Pisanello met à son service sa maîtrise du dessin et son sens aigu de la réalité. Dans un semis de fleurs inspiré des tapisseries, saint Eustache découvre le cerf portant entre ses bois un Christ en croix. Ce paysage irréel peuplé d'animaux, biches, pélicans, hérons, grues… invite au rêve.

Chanté comme grand parmi les plus grands par ses contemporains, Pisanello déploie une technique picturale remarquable, jouant savamment de la densité de la couleur, de l'opposition des zones saturées et des zones légères, et de procédés évoquant la plume et le crayon, telles les hachures, les trames, les grilles.