Villa R

Peinture de Paul Klee (1919). Huile sur carton, 26,5 x 22 cm. Inv. n° 153. Offentliche Kunstsammlung, Berne.

Cette œuvre présente au premier plan des végétaux, traités comme des idéogrammes, et à l'arrière-plan des signes cosmologiques : la lune, le soleil, les étoiles. Arrêté par des montagnes cernées de noir, le regard est ramené au centre, où se trouve la villa, structure faite de rectangles et de carrés, préfiguration de la série des carrés « magiques » que Klee commencera en 1922. L'emploi du rouge et du vert, couleurs complémentaires, est systématique dans une composition conçue comme une scène de théâtre, bordée de part et d'autre de rideaux orange. Mais ce qui frappe incontestablement est cette grande lettre R, signe emblématique surgi de la surface de l'œuvre, à laquelle il donne son titre. À la suite de Braque et de Picasso, qui, dès 1909, ont introduit des lettres dans leurs peintures et collages cubistes, Klee unit fréquemment signes et idéogrammes, qui concourent à dérouter le spectateur et à susciter sa curiosité, suivant le principe de la simultanéité visuelle et de l'association d'idées.