Physiologie de la lecture et de l'écriture

Traité scientifique d'Émile Javal (1905).

L'ouvrage du docteur Émile Javal, qui créa en 1878 un laboratoire d'ophtalmologie à la Sorbonne, est considéré comme l'un des premiers à aborder la question de la facilité de lecture des caractères et du texte imprimé.

Le propos de l'auteur est ambitieux. Comme l'indique le sous-titre suivie de déductions pratiques relatives à l'hygiène, aux expertises en écriture et aux progrès de la typographie, de la cartographie et de l'écriture en relief pour les aveugles, etc., il est situé dans un contexte historique et prend en compte la sténographie, l'écriture musicale et l'écriture pour les aveugles.

Javal plaide pour une typographie rationnelle et constate que « depuis plus de trente siècles, les caractères employés par l'homme pour noter sa pensée ont évolué presque sans méthode, au gré des circonstances. Il en résulte que nos écritures modernes, depuis celle du jeune écolier jusqu'à la typographie la plus élégante, constituent une offense au bon sens et ne sont tolérées que grâce à la routine séculaire qui les transmet de génération en génération ». De manière scientifique, cette fois, il montre, s'appuyant sur des recherches menées dans son laboratoire, que la lecture se fait par saccades, que « le regard n'a pas le temps d'examiner chaque lettre », que le point de fixation se déplace suivant une ligne qui coupe les lettres un peu plus bas que leur sommet. Il note le rôle de la loi du « moindre effort ». Pour améliorer la lisibilité, Javal recommande de supprimer les interlignes ; de diminuer l'approche ; d'aplatir les caractères ; d'utiliser un corps plus petit et de diminuer les saillies des lettres longues. Sur ses indications, son assistant, Charles Dreyfuss, met au point un caractère compact « invraisemblable » afin de déterminer les limites basses de la lisibilité : ce caractère est parfaitement lisible même en corps 4.