mystères

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Secrets appris au cours de rites initiatiques par les adorateurs d'une divinité.

Les religions à mystères se sont développées quasiment tout au long de l'histoire grecque, mais elles trouvent leurs heures de gloire vers le ier siècle apr. J.-C. Parmi les plus connus : le culte de Dionysos, relié à celui d'Orphée ; les mystères d'Éleusis, liés au culte de Déméter et de Perséphone ; les mystères de Samothrace liés aux Cabires ; les mystères d'Éphèse (Artémis), les mystères de Claros (Apollon Clarien) ; les mystères d'Andania (Apollon Carnéen). Il est probable que tous ces mystères ont agi les uns sur les autres et qu'ils ont subi des influences extérieures : thraces pour celui de Dionysos-Zagréus et Orphée ; égyptiennes pour les mystères d'Éleusis. À l'époque impériale, notamment, les mystères orientaux connaissent une grande diffusion : Adonis, Tammouz, Atargatis (Syrie) ; Attis et Cybèle, Sabazios (Phrygie) ; Isis, Osiris et Sérapis (Égypte) ; ceux de Mithra (Perse) sont interdits aux femmes.

La grâce nécessaire

Les mystères se posent les questions ignorées par la religion officielle et tentent d'apporter les réponses : quel sens donner à l'existence humaine ? Quel salut pour l'individu ?

Il existe un salut au-delà de la vie ; de même que la végétation meurt et renaît chaque année, de même que telle divinité meurt et revient à la vie ensuite, l'homme, après sa mort, renaîtra. Mais, par ses faibles moyens, il est incapable de se mettre seul sur le chemin du salut. Il lui faut donc être aidé, recevoir la grâce divine, qu'il ne peut obtenir qu'en étant initié aux mystères.

L'initiation procède par étapes, destinées à la formation progressive du myste. À Éeusis, ce sont les mystagogues, recrutés dans les deux familles détentrices des mystères, qui se chargent d'enseigner au myste les connaissances indispensables, qui le guideront sur la voie du salut :

purification (cérémonie publique) ;

transmission des rites et des sacrifices en vue de l'initiation (cérémonie publique) ;

initiation (cérémonie secrète) ;

contemplation ou époptie (cérémonie secrète).

Il ne s'agit nullement d'instruire le myste, de lui fournir une preuve acquise par raisonnement ; il est question de l'émouvoir, de le pénétrer tout entier du divin, en lui montrant, par exemple, des objets sacrés ; en lui faisant le récit des histoires divines (Déméter à la recherche de sa fille Coré) ; en lui faisant accomplir un certain nombre de gestes.

Tout au long de la cérémonie, le myste s'identifie au dieu ; dans le culte d'Attis, il est le taureau-Attis : le myste descend dans une fosse, sur laquelle on place une grille. Sur cette grille, on égorge le taureau ; le myste étend les bras et ouvre la bouche, afin de se pénétrer du sang qui est l'excipient de la vie. Le myste sort de la fosse ; il est alors salué par l'assistance comme étant Attis, puis conduit au lit de Cybèle. Renatus (« rené »), le myste se voit offrir du lait comme un bébé.

Mourir pour renaître

Ainsi, l'initié se prépare à mourir ; il ne craint plus la mort, parce qu'il a la certitude de trouver le bon chemin : « Heureux parmi les hommes celui qui a assisté à ces rites ! Car celui qui n'est pas initié aux mystères, l'exclu, n'aura pas un destin semblable, pas même mort, sous la terre humide. »

Et, pour aider encore l'initié après sa mort, on place dans sa tombe des lamelles en or, sur lesquelles sont écrits de simples conseils ou des recommandations destinés à l'orienter dans l'Hadès : « Dans la demeure d'Hadès, tu trouveras à gauche une source et près d'elle un cyprès blanc ; garde-toi même d'approcher de cette source. Tu en trouveras une autre où coule l'onde fraîche qui vient du lac de Mémoire ; devant sont les gardiens. Leur dire : Je suis l'enfant de la terre et du ciel étoile, et mon origine est céleste ; vous le savez, vous aussi. Je suis dévoré par la soif qui me fait mourir, mais donnez-moi sans retard l'onde fraîche qui coule du lac de Mémoire. Et ils te donneront à boire de la source divine et désormais tu régneras avec les autres héros. »

L'initié connaît ainsi un bonheur éternel avec les autres héros, dans l'île des Bienheureux, loin des tourments qui attendent le non-initié.

Les mystères disparaissent avec l'Empire romain. En répondant au besoin de salut qui tourmente les âmes, au désir d'immortalité, en leur offrant une régénération morale et en n'établissant, parmi les initiés, aucune discrimination de race, de classe et de sexe (sauf pour Mithra), les mystères préparent la voie (et le salut) du christianisme.

Voir aussi : Orphisme, Éleusis, Isis, Religion des Grecs, Religion des Romains