Typhon

(Variantes : Typhée)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Une des créatures primordiales engendrées par Gaia et Tartare, appelé également Typhée par Hésiode.

Une version fait de Typhon l'enfant d'Héra, conçu contre Zeus dans la colère ; d'après Apollodore, Gaia l'engendre pour combattre les Olympiens et venger les Géants. Il vit au pays des Arismes, c'est-à-dire la Lydie ou la Cilicie, régions de fréquents séismes. Hérodote mentionne qu'il vit dans le lac Serbonis, en Égypte ; mais en Égypte, il est confondu avec Seth. Apollonios de Rhodes précise qu'il y meurt, après avoir donné naissance, dans le Caucase, au monstre gardien de la Toison d'or. Typhon s'est accouplé avec Échidna. Leur union fait naître Orthros, Cerbère, l'Hydre de Lerne, Chimère, Sphinx.

La légende

Après la défaite des Géants, Gaia, plus furieuse que jamais, s'unit à Tartare et engendre Typhon, en Cilicie, une créature mi humaine, mi bête. Sa force et sa stature dépassent de loin celles de tous les enfants de la Terre. Jusqu'aux cuisses, il a forme humaine, mais d'une énormité effrayante : il est plus grand que toutes les montagnes, et sa tête frôle les étoiles. De ses bras écartés, qui se terminent en cent têtes de serpents, il touche d'un côté l'Occident et de l'autre l'Orient. De ses cuisses sortent des spires de vipères monstrueuses qui s'étendent jusqu'à sa tête en émettant des sifflements aigus. Son corps tout entier est ailé ; sa tête et ses joues sont recouvertes de poils sales, et ses yeux (ou sa poitrine), lancent des flammes. On précise également que Typhon est pourvu de cent mains et que de ses épaules jaillissent cent têtes de serpents qui dardent des langues noires. De toute sa monstrueuse grandeur, Typhon, criant et sifflant, se met à lancer des rochers enflammés contre le ciel, car il désire gouverner l'Univers. De sa bouche jaillissent des torrents de feu. Les dieux, quand ils le voient ainsi, prêt à atteindre le ciel, s'enfuient en Égypte, et pour n'être pas découverts, se métamorphosent en animaux (oiseau, poisson, bouc, chat, faon, etc.).

Mais Zeus, de loin, lance sa foudre sur Typhon, puis il s'approche de lui, et le frappe avec sa faucille d'acier. Typhon se réfugie alors sur le mont Casios, en Syrie. Zeus le poursuit et, le voyant ainsi blessé, il l'attache. Mais Typhon l'enveloppe dans ses spires, l'immobilise, lui arrache sa faucille, et lui coupe les tendons des bras et des jambes avec. Puis il le met sur son dos, traverse la mer, le mène en Cilicie, et le dépose dans l'antre Corycien. Il y cache également les tendons, dans une peau d'ours, et il place, comme gardienne, le dragon Delphynès, mi-femme, mi-animal. Mais Hermès et Égypan dérobent les tendons, et les réadaptent en cachette sur le corps de Zeus. Ayant recouvré sa force, Zeus, aussitôt, gagne le ciel, monte sur un char tiré par des chevaux ailés et, lançant ses foudres, poursuit Typhon sur la montagne appelée Nysa ; là, les Moires trompent le fuyard : elles le persuadent de manger les fruits de la mort, en lui faisant croire qu'ainsi il retrouvera toute sa force. Et à nouveau Zeus le poursuit jusqu'en Thrace, où Typhon, pendant le combat qui a lieu près du mont Hémos lance sur lui des montagnes entières. Mais elles ricochent sur les foudres de Zeus, et reviennent frapper leur expéditeur. Des fleuves de sang inondent la montagne, qui, justement, à cause de cet épisode, prend son nom. Typhon cherche à fuir à travers la mer de Sicile, mais Zeus jette sur lui l'Etna, et l'écrase. Et depuis ce jour, on dit que le volcan crache du feu, à cause de tous ces foudres lancés.

Voir aussi : Delphynès (Variante 1)

Variantes

I. On dit que Zeus précipite Typhon dans le Tartare. Selon d'autres, Typhon est enseveli sous l'île d'Ischia ou sous l'Etna, établissant Héphaïstos sur ses sommets pour le surveiller. Typhon personnifie ainsi les puissances volcaniques : les éruptions ne sont autres que les manifestations de sa colère.

II. Strabon rapporte une autre version : c'est en Syrie que Typhon est foudroyé. Meurtri des coups répétés de la foudre, le serpent cherche désespérément dans la terre une galerie où se cacher. En sillonnant le sol, les anneaux de son corps creusent le lit d'un fleuve à venir.

Là où Typhon disparaît jaillit une source qui prend son nom, avant de s'appeler Oronte, du nom du constructeur du premier pont au-dessus du fleuve.

III. Après sa mort, Typhon s'est métamorphosé en crocodile, et c'est son âme à présent qui vit en chacun de ces sauriens.

Typhon

Aujourd'hui les rivages de Cumes, battus par les flots, et les champs de la Sicile pèsent sur sa poitrine velue, et sa rage est contenue par la masse de l'Etna, cette colonne du ciel, dont la tête blanche nourrit toute l'année une neige piquante. De ses entrailles s'élancent les sources pures d'un feu dont on n'ose approcher. Pendant le jour ces fleuves roulent des flots d'une fumée mêlée de flammes ; mais pendant la nuit la flamme rouge roule des rochers et les porte dans les plaines profondes de la mer avec un fracas terrible. C'est le monstre qui vomit ces terribles torrents de feu ; prodige merveilleux à voir, merveilleux même à entendre de ceux qui l'ont vu ; car on raconte que Typhon est lié aux sommets noirs d'ombrages et à la base de la montagne et qu'il gît étendu sur un lit de roches aiguës qui lui déchirent le dos.

Pindare