Térée

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Roi de Thrace, fils d'Arès.

Hésiode rapporte que le rossignol est le seul des oiseaux qui veille toujours et ne dort jamais ; il ajoute que l'hirondelle ne dort jamais tout à fait, et qu'elle n'a qu'un demi-sommeil. Ils subissent ainsi la peine due au crime atroce qui fut commis dans l'abominable repas dont la Thrace fut témoin.

Térée acquiert une certaine renommée en venant en aide au roi Mopsopos dont la ville est assiégée par une horde de barbares. Puis il est appelé à la rescousse par Pandion, alors souverain d'Athènes, qui lutte contre le roi de Thèbes, Labdacos. Afin de le récompenser de ses services, Pandion offre à Térée l'une de ses deux filles, Procné. Ils ont un enfant, Itys.

Mais cela ne suffit pas à Térée : il désire également la sœur, la belle Philomèle. Sous le prétexte de favoriser les retrouvailles entre les deux sœurs, qui vivent désormais éloignées l'une de l'autre, Térée se rend auprès du roi Pandion ; ce dernier consent à laisser partir sa fille. Sur le retour, Térée retient Philomèle captive au milieu d'une forêt, lui interdisant toute communication avec l'extérieur. Il la viole puis, afin de s'assurer de son silence, il lui coupe la langue. Il fait croire ensuite à sa femme que sa sœur est morte. Mais Philomèle tisse une toile, dont les motifs racontent sa mésaventure, ou bien l'écrit avec son sang. Elle confie la toile à sa servante, en lui demandant d'aller la porter à sa sœur. S'étant mêlée à un groupe de bacchantes qui va dans le bois, Procné peut libérer Philomèle.

Ensemble, elles décident de châtier Térée. Elles découpent Itys en morceaux. Après quoi, les deux femmes donnent les morceaux à manger à Térée. Quand il a fini son repas, les deux sœurs lui présentent la tête coupée de l'enfant. Fou de douleur, Térée se jette sur les femmes, épée au poing. Intervient alors Zeus qui métamorphose les trois protagonistes : Térée est changé en huppe ou en épervier, Procné en rossignol ou en hirondelle, Philomèle en hirondelle.

Variantes

I. Térée, ne pouvant assouvir sa vengeance, se suicide à Mégare où on lui élève un tombeau. Il est annuellement l'objet d'un culte héroïque.

II. Thucydide situe Térée à Daulis, dans la Phocide alors habitée par les Thraces ; il précise en outre que ce Térée-là n'a que peu de rapport avec le roi qui épouse Procné, la fille de Pandion – deux personnages qui n'ont aucune origine thrace. Cette version est également évoquée par Apollodore : Térée s'arme d'une hache et poursuit les criminelles jusqu'à Daulis : là, traquées, elles prient les dieux de les transformer en oiseau.

III. Pour obtenir Philomèle, Térée prétexte la mort de sa femme Procné. Pandion la lui envoie sous bonne escorte. Térée se débarrasse des gardes, qu'il noie, puis viole Philomèle. Après quoi, il expédie la jeune femme au roi Lyncée. Mais la reine, Laéthuse, envoie auprès de Procné, qui est son amie, une jeune femme chargée de s'informer de la situation. Ainsi, Procné finit par apprendre la vérité. Elle et sa sœur Philomèle décident de se venger. Entre-temps, des prodiges révèlent à Térée que son fils Itys est menacé de mort par ses proches. Le roi, imaginant que son frère Dryas cherche à le tuer, le fait assassiner. Procné tue son fils Itys, qu'elle donne ensuite à manger à son mari. Les deux complices s'enfuient, bientôt poursuivies par Térée qui a découvert la vérité. Procné est métamorphosée en hirondelle, Philomèle en rossignol, Térée en épervier.

La mort d'Itys

Soudain, telle qu'aux rives du Gange, une tigresse emporte un faon timide dans les sombres forêts, Progné [Procné] saisit son fils et l'entraîne au fond de son palais ; et tandis que déjà, prévoyant son sort, il tend des bras suppliants, et s'écrie : « Ô ma mère ! ô ma mère » ! et cherche à l'embrasser, elle plonge un poignard dans son cœur, sans détourner les yeux. Un seul coup avait suffi pour ce meurtre exécrable : cependant Philomèle égorge aussi cette tendre victime. Une tante, une mère, déchirent ses membres palpitants, qu'un reste de vie semble animer encore. Elles en plongent une partie dans des vases d'airain. Elles placent le reste sur des charbons ardents ; et le lieu le plus retiré du palais est souillé de sang et de carnage.

Ovide