Diane

Diane.
Diane.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Déesse latine de la lumière, de l'« espace céleste ».

Son nom étant formé sur l'adjectif dius, peut-être sur les substantifs dium ou dies, il est donc probable que Diane est, à l'origine, une divinité nocturne liée à la Lune dont la luminosité éclaire les ténèbres, comme en plein jour pourrait-on dire : car Diana, c'est aussi Lucina, et il n'est pas étonnant que Diane et Junon Lucina aient été célébrées conjointement par les femmes dont certaines manifestations naturelles sont liées aux cycles lunaires.

Il y a, à Rome, un sanctuaire de Diane, situé dans le Vicus Patricius (entre le Cispius et le Viminal, dans la partie occidentale de l'Esquilin), où ne vont que les femmes : comme une femme y honorait la déesse, un homme a voulu la violer, jusqu'à ce que des chiens surgissent et le mettent en pièces. Par superstition, l'entrée du temple est ensuite interdite aux hommes.

Diane d'Aricie

Le culte le plus important de Diane est localisé dans la forêt d'Aricie, au pied des monts Albains, sur les bords du lac Nemi, dit « miroir de la déesse ». Les arbres du bois sacré (d'où son nom de Diana Nemorensis, « de Nemi » et « des bois ») sont reliés entre eux par des bandelettes ; ils portent des tableaux où sont inscrits les vœux que la déesse a écoutés et exaucés. L'usage veut que, pour la remercier, on se rende à son temple, une couronne sur la tête et un flambeau à la main. Les jours de fête, la forêt d'Aricie paraît en flammes. Ces rassemblements sont l'occasion, pour les femmes, tout aussi bien de remercier la déesse que de voir et de se montrer.

Il y a, dans ce bois, un arbre particulier portant du gui. Quiconque réussit à s'emparer du « rameau d'or » peut combattre le prêtre officiant ; s'il parvient à le tuer, il devient alors rex nemorensis à son tour, en attendant son successeur qui passera par les mêmes étapes que lui. À l'époque historique, le prêtre est souvent un esclave en fuite, seul capable de s'adonner à pareil jeu ; il est toutefois probable qu'à une époque très reculée ce poste devait être honorifique, à en juger par l'appellation de rex – un roi qui, de toute évidence, se devait d'être jeune, à tout le moins fort, pour être digne de la déesse.

Si le culte de Diane d'Aricie est primitivement lié à la lumière nocturne, force est de constater qu'un glissement s'est produit, si l'on en juge par les ex-voto mis au jour par les fouilles, dans le bois sacré : ce sont des représentations d'organes génitaux, masculins et féminins, des statuettes de mère avec leur enfant en bas âge. Les femmes honorent Diane, car elle favorisera leur accouchement et veillera sur leur bébé. Il semble que les sacrifices ne soient pas offerts directement à Diane, mais à une nymphe des bois, nommée Égérie (Egeria).

Cette fonction sur la procréation, le rituel cruel pour accéder à la fonction de rex nemorensis permettent de relier Diane d'Aricie à l'Artémis grecque, invoquée par les femmes en couches, et plus précisément à l'Artémis de Tauride, à qui l'on sacrifie des humains. L'assimilation s'est probablement faite par les colonies grecques installées dans l'Italie méridionale, et à Cumes en particulier.

Voir aussi : Égérie, Virbius

Diane de l'Aventin

Dans sa volonté d'unir les Latins et les Romains, Servius Tullius introduit le culte de Diane, pour laquelle il fait ériger un sanctuaire sur l'Aventin (aedes Dianae in Aventino), l'un des plus anciens de Rome, à l'extérieur, probablement, du pomoerium primitif, dans un espace donc habité presque exclusivement par des étrangers. Le culte de l'Aventin est une reproduction de celui d'Aricie. Le jour de sa fête est le même, le 13 août ; ce jour-là, les femmes se lavent la tête et se peignent. Le dies natalis est également le jour de la fête des esclaves (servi), peut-être par rapprochement avec le nom du roi, Servius Tullius, auquel on attribue par ailleurs un tel passé ; il est le fils posthume d'un prince dont la femme a été réduite à l'état d'esclave par le peuple victorieux. On dit aussi que le dies servorum, le « jour des esclaves », provient d'un jeu de mots : les esclaves (servi) fugitifs portent le noms de « cerfs » (cervi) en raison de leur grande célérité ; or, d'après l'iconographie fort répandue de Diane chasseresse, la déesse est la protectrice des cerfs. Et que la Diane de l'Aventin n'ait pas été une chasseresse importe peu, la symbolique attachée à la forêt d'Aricie suffit à l'associer à la chasse. Plus sérieusement, il faut sans doute rapprocher deux faits : d'une part, la Diane latine est la première divinité étrangère à s'installer sur l'Aventin ; d'autre part, les esclaves sont pratiquement tous des étrangers, arrachés par les Romains aux villes latines environnantes. Servius Tullius fera du sanctuaire un lieu de refuge pour les esclaves. Par la suite, cette protection, accordée à la plèbe, s'étendra aux tribuns, puisque Caius Gracchus, en 121 av. J.-C., y trouvera asile.

La Diane de l'Aventin est la patronne des femmes qui, le jour de sa fête, on l'a vu, prennent un soin tout particulier de leur chevelure. Mais elle est aussi garante de souveraineté, ainsi que le montre l'anecdote rapportée par Tite-Live : Servius, après avoir augmenté la force matérielle de Rome et sa grandeur morale, résout de l'étendre encore par la politique, tout en continuant à embellir la ville. Déjà, dès cette époque, le temple de Diane, à Éphèse, a une grande célébrité. On dit qu'il est l'œuvre de la piété commune de toutes les cités de l'Asie. Servius, à force de vanter aux principaux chefs latins cet accord parfait dans le culte des mêmes dieux et de la même religion, finit par les engager à se joindre aux Romains pour construire à Rome un temple de Diane, commun à tous les peuples latins – ce qui revenait à proclamer la suprématie de Rome. Les Latins, après tant d'inutiles efforts pour conquérir cette suprématie, semblent y avoir renoncé, lorsqu'un Sabin, Antro Curiatius, croit avoir trouvé l'occasion de la revendiquer et de la rendre à sa patrie. Chez lui est née une génisse d'une beauté si extraordinaire qu'on la regarde comme un prodige, et les devins annoncent que celui qui immolera cette victime à Diane assurera l'empire à sa nation. Cette prédiction est venue à la connaissance du ministre du temple de la déesse. Lorsque le Sabin juge que le jour convenable pour le sacrifice est arrivé, il vient à Rome présenter sa génisse au temple. Le prêtre romain, Cornelius, se rappelant la prédiction, interpelle ainsi le Sabin : « Étranger, que vas-tu faire ? Offrir à Diane, sans avoir d'abord pris soin de te purifier, un sacrifice impie ? Que ne vas-tu auparavant te tremper dans les eaux du fleuve ? Le Tibre coule au fond de la vallée. » Le Sabin, voulant que tout soit accompli dans les règles, quitte le temple et descend vers le Tibre. Pendant ce temps, le prêtre immole la génisse : cette supercherie remplit d'allégresse le roi, et la ville entière. Après quoi, les cornes de la génisse sont plantées dans le sanctuaire de la déesse.

Diane et Artémis

Lorsqu'elle est identifiée à Artémis, très tôt, au début du vie siècle av. J.-C., Diane se voit dotée de nouveaux attributs : elle devient la divinité de la chasse, de la chasteté et de la virginité ; elle reçoit également des attributions lunaires et on l'associe avec son frère Apollon. Le lectisterne (repas sacré offert aux dieux, qui y assistent en effigie) de 399 av. J.-C., décidé à la suite d'une épidémie, en est le premier témoignage officiel. Diane, qui figure aux côtés d'Hercule, est Artémis, cause de nombreuses épidémies.

Voir aussi : Artémis, Ocrisia

Hymne à Diane

Ô toi qui parcours les paisibles forêts, gloire de Latone, Phœbé, parais sous tes atours accoutumés. Arme ta main d'un arc, suspends à tes épaules ton brillant carquois rempli d'inévitables traits ; attache à tes pieds rapides des cothurnes de pourpre ; revêts ta robe chamarrée d'or et à plis froncés ; ceins ton baudrier enrichi de pierres précieuses, et retiens avec une bandelette les tresses de ta chevelure. Parais, entourée des gracieuses Naïades, des jeunes et fraîches, Dryades, de toutes les nymphes des eaux, et fais retentir les échos des montagnes. Ô déesse, conduis ton poète dans les bois solitaires : je te suis ; découvre-moi, les retraites des bêtes sauvages. Accompagnez-moi, vous tous qui, épris de la chasse, détestez la chicane ; vous qui fuyez les agitations du commerce, le bruit des villes, le fracas des armes, et vous que la passion du gain n'entraîne point sur l'abîme des flots.

Némésien

Diane.
Diane.