Cybèle

Cybèle sur son char traîné par des lions ; à droite, Attis.
Cybèle sur son char traîné par des lions ; à droite, Attis.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Mère des dieux.

Cybèle est l'enfant de Méion, roi de Lydie et de Phrygie, et de Dindymé. Parce que c'est une fille, son père l'abandonne sur une montagne nommée Cybélos. Le nouveau-né est nourri par les bêtes sauvages, avant d'être recueilli par des bergères, qui l'appellent Cybèle, du nom du lieu. L'enfant grandit en beauté et en intelligence ; on dit que la première elle conçoit la flûte à plusieurs tuyaux, ainsi que les cymbales. Elle s'est attiré l'admiration et l'amour d'autrui grâce à ses pouvoirs de guérison, notamment sur les nourrissons. Adolescente, elle tombe amoureuse d'Attis dont elle attend bientôt un enfant. C'est à ce moment que son père la reconnaît et l'admet au palais. Mais, quand il apprend qu'elle n'est plus vierge, il fait mettre à mort ses nourrices, et sans doute aussi son amant. Cybèle s'enfuit alors dans la campagne, gémissant et frappant sur un tympanon comme une folle. Dans ses errances, elle fait la connaissance de Dionysos et d'Apollon. Ce dernier, amoureux, l'emmène au pays des Hyperboréens. Pendant ce temps, une peste s'abat sur la Phrygie, poussant les hommes vers les oracles. Le dieu leur recommande d'enterrer le corps d'Attis et d'honorer Cybèle comme une déesse. Le cadavre demeurant introuvable, les Phrygiens font une image du jeune homme qu'ils célèbrent ensuite. Et pour Cybèle, ils édifient des autels.

Voir aussi : Attis

Les pouvoirs de la déesse du Dindyme (nom de la montagne où elle avait un temple) sont immenses. Cybèle est à l'origine de toute forme de vie, qu'elle soit humaine, animale ou végétale. Elle a également le pouvoir d'accorder l'immortalité.

Cybèle en Grèce

Importé d'Asie Mineure au ve siècle av. J.-C., le culte de Cybèle se répand rapidement dans tout le bassin méditerranéen. Toutefois, dans un premier temps, les Athéniens rejettent le culte, allant même jusqu'à tuer l'un de ses prêtres. L'oracle de la pythie leur fait savoir que le seul moyen d'expiation pour ce meurtre est d'accueillir la Grande Mère. Cybèle est rapidement identifiée à Rhéa. À l'origine, les deux déesses, Rhéa et Cybèle sont distinctes ; Rhéa est la fille d'Ouranos et de Gaia, la femme de Cronos et la mère de Zeus ; elle est établie en Crète avec les Curètes. Son culte est célébré par les Corybantes, au cours de cérémonies pleines de danses et de fureurs extatiques.

Voir aussi : Rhéa

Cybèle en Italie

En 204 av. J.-C., parce que les pluies de pierres sont fréquentes, on consulte les Livres sibyllins : la prophétie indique d'amener de Pessinonte (Phrygie) à Rome la Grande Mère des dieux, déesse de l'Ida. Désemparés au départ, parce que privés d'alliés en Asie, les Romains gardent malgré tout en mémoire qu'on a fait venir de Grèce Esculape et ce, sans qu'il y ait eu une quelconque alliance entre les deux peuples. Or, en 211, Rome s'est alliée à Attale contre Philippe et on imagine que le roi ne l'aura pas oublié. Une délégation de membres de vieilles familles patriciennes se met donc en route pour l'Asie. À Delphes, les ambassadeurs en profitent pour interroger l'oracle sur le succès de leur mission. Le dieu répond qu'Attale leur viendra en aide et que, une fois à Rome, la Grande Mère des dieux se doit d'être accueillie par le meilleur citoyen. Effectivement, à Pergame, Attale reçoit les délégués avec toute l'amabilité possible, puis il les mène à Pessinonte où il leur remet une pierre sacrée, noire, considérée par les habitants comme la déesse en question. Les ambassadeurs reprennent ainsi le chemin de Rome et l'un d'eux, Marcus Valerius, part en avant pour instruire les Romains sur la manière d'accueillir la déesse. Après délibération, les pères (sénateurs patriciens) décident que leur meilleur citoyen est le jeune Publius Cornélius Scipion Nasica, fils de Gnaeus Scipion qui a trouvé la mort en Espagne. Scipion, accompagné par les matrones, se rend à Ostie pour accueillir la déesse à sa descente du bateau. (À cette occasion, une dame de haut rang Claudia Quinta, soupçonnée d'avoir manqué au vœu de chasteté, prouve son innocence en dégageant, par ses seules prières le bateau qui s'est enlisé dans les sables.) Quand Scipion a Cybèle en main, il la donne à une femme, qui à son tour la confie à une autre... Magna Mater est installée dans le temple de la Victoire sur le Palatin le 12 avril, qui reste un jour de fête. Et cet été-là, la moisson est plus abondante qu'elle ne l'a été depuis dix ans.

Voir aussi : Religion des Romains

Culte et attributs

Le temple de Cybèle accueille d'innombrables fidèles. La déesse est honorée dans les Mégalésies, au son des cymbales. Réservé à l'origine à un petit nombre d'initiés, en raison de ses aspects orgiastiques, et célébré uniquement par des prêtres eunuques phrygiens (galli), son culte est officialisé, « libéré » par l'Empereur Claude. Les mystères de Cybèle et de son compagnon Attis prennent alors une importance considérable. Leurs amours deviennent le symbole de la résurrection et de la mort, Attis étant le pendant de Dionysos.

Voir aussi : Fêtes et jeux chez les Romains (Ludi Megalenses)

Cybèle est représentée couronnée de myrte, sur un char traîné par de puissants lions – le lion étant son animal symbolique. Elle est parfois désignée par le terme de Bérécyntienne, terme que l'on trouve chez Virgile et chez... Du Bellay. Ses appellations les plus courantes sont Magna Mater, la Grande Mère, Mère des dieux ; son nom complet, donné par les Romains étant Mater deum magna Idaea, « Grande Mère des dieux, déesse de l'Ida ».

Un galle de Cybèle

Le chaste Atys, prêtre de Cybèle, s'acheminait de la phrygienne Pessinonte vers Sardes, hors de lui, furieux, et la chevelure au vent. Cependant, ses esprits exaltés par la terrible déesse s'apaisaient aux approches du soir, et il s'enfonçait dans une caverne à une petite distance de la route, lorsqu'un lion se précipita sur ses pas, pour tout homme courageux sujet d'effroi, mais pour le galle sujet d'indicible épouvante. Il resta sans voix ; mais, quelque dieu sans doute le poussant, il porta la main sur son tambour. L'instrument rendit un son terrible, et le plus hardi des quadrupèdes se sauva plus vite qu'un cerf, n'ayant pu supporter le bruit du tambour. Le galle s'écria : — Ô mère des dieux, sur les bords du fleuve Sangarios, pour m'avoir sauvé la vie, je te consacre un lit sacré et l'instrument qui a mis en fuite un lion.

Dioscoride

Cybèle sur son char traîné par des lions ; à droite, Attis.
Cybèle sur son char traîné par des lions ; à droite, Attis.