Créon

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Roi de Corinthe.

Jason et Médée, qui ont fui Iolcos après le meurtre de Pélias, se réfugient auprès du roi de Corinthe, Créon. Lorsque Jason rencontre sa fille Créüse, ou Glaucé, il s'éprend d'elle, l'épouse, ce qui provoque la jalousie de Médée. Celle-ci offre à la jeune mariée un vêtement très spécial : lorsque sa rivale l'endosse, des flammes s'élèvent, transformant la malheureuse en torche vivante. Mais bientôt le feu se répand dans le palais et Créon, accouru pour porter secours à sa fille, périt également, brûlé vif.

Voir aussi : Créüse

2. Roi de Thèbes.

Fils de Ménécée et frère de Jocaste, Créon règne à Thèbes à la mort de son beau-frère Laïos. Après avoir accidentellement tué Électryon, Amphitryon est exilé par Sthénélos. En compagnie d'Alcmène et de Licymnios, il se rend à Thèbes où Créon le purifie du meurtre. Devant combattre les Téléboéens pour pouvoir épouser Alcmène, Amphitryon demande l'aide du roi Créon : celui-ci accepte, à condition qu'Amphitryon débarrasse la Cadmée du terrible renard qui la dévaste. Amphitryon donne sa parole, malgré l'oracle qui veut que personne ne soit en mesure de capturer l'animal, auquel, chaque mois, les Thébains offrent en pâture un de leurs enfants, et ce, afin d'éviter qu'il s'en prenne à toute la population. Amphitryon se rend alors à Athènes et demande l'aide de Céphale, le fils de Déioné. Céphale accepte, sous réserve d'avoir une part du butin arraché aux Téléboéens, de lancer son chien contre le renard, celui que Procris a ramené de Crète et qui lui a été offert par Minos : c'est une bête exceptionnelle, qui capture infailliblement le gibier qu'elle pourchasse. Et comme le chien se met à la poursuite du renard imprenable, Zeus les métamorphose tous deux en pierres. Ainsi Créon, en accord avec la parole donnée, quitte Thèbes et met à feu et à sang les cités taphiennes.

Voir aussi : Amphitryon

Un autre fléau afflige Thèbes, envoyé par Héra désireuse de punir la cité : le Sphinx, créature femelle qui dévore les jeunes gens (et selon une version, a dévoré Hémon, fils de Créon). Créon déclare solennellement qu'il offrira son trône à celui qui tuera le monstre. Œdipe, qui s'est acquitté de cette tâche, lui succède, mais, ayant appris de quels crimes (meurtre de son père, mariage avec sa mère) il s'est rendu coupable, il s'exile et Créon, à nouveau, monte sur le trône.

Voir aussi : Œdipe

Les deux enfants d'Œdipe, Étéocle et Polynice, nourrissent la même ambition : régner, après leur père, sur Thèbes. Ils se vouent une haine farouche. Polynice quitte Thèbes, tandis qu'Étéocle demeure auprès de Créon. Les deux frères finissent par s'entre-tuer en un combat singulier. Créon refuse toute sépulture à Polynice, le déclarant traître à sa patrie, suivant en cela les propos que lui a tenus Étéocle avant l'affrontement. Puis il fait enterrer Antigone vivante, qui a désobéi à son ordre. Son fils Hémon (non dévoré par le Sphinx dans cette version), fiancé d'Antigone, se donne la mort ; sa femme Eurydice (ou Eurysthée), accablée par la mort de son enfant, se suicide à son tour. Quant à Créon, il meurt plus tard de la main de Thésée, appelé en renfort par Évadné, l'épouse de Capanée.

La cité avant tout, tel est sans doute le principe de Créon ne proclame-t-il pas que l'intérêt de la cité passe avant les sentiments ? S'il se montre si dur envers Polynice, c'est que ce dernier a porté atteinte à sa patrie. Dans les Phéniciennes, toutefois, lorsque le devin Tirésias lui annonce que seul le sacrifice de son fils Ménécée (le même nom que son grand-père) sauvera la patrie, Créon voue la cité à la destruction : jamais il ne pourra immoler son propre fils. Et comme pour se donner bonne conscience, pour démontrer qu'il n'est en rien différent des autres êtres humains, il ajoute cette généralité : tous les hommes aiment leurs enfants ; aucun ne pourrait se résoudre à tuer son fils. Aussi exhortera-t-il le sien à s'enfuir.

Voir aussi : Ménécée