Aréopage

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Colline rocheuse (altitude 115 mètres) d'Athènes, consacrée à Arès, située en face de l'Acropole et siège du Conseil des nobles.

Au départ, l'aréopage s'identifie avec le Conseil du roi ; il a une fonction à la fois judiciaire et politique. Après la chute de la monarchie, l'assemblée des archontes qui, à son tour, se réunit sur l'aréopage, sert de tribunal pour juger les grands crimes ; ayant en charge de veiller sur la Constitution, l'aréopage surveille les citoyens, auxquels il inflige une amende s'ils contreviennent aux lois. En contrebas de la colline se trouve le sanctuaire des Érinyes, où elles se sont réfugiées après l'acquittement d'Oreste.

Voir aussi : Oreste

Quoique institué, d'après les historiens, par Solon, l'aréopage a une origine mythique. Son nom dérive de celui d'Arès qui, le premier, a été jugé par ce tribunal, sur l'une des collines d'Athènes, pour avoir tué Halirrhotios. Oreste a également été jugé par l'aréopage après le meurtre de sa mère, et une version de sa légende précise que le premier procès sur l'Aréopage, pour un crime de sang, est le sien ; c'est à cette occasion qu'Athéna institue le Conseil. La déesse désire que, par la crainte qu'il suscite, il empêche les citoyens de s'adonner au crime. Le tribunal veillera comme une sentinelle infaillible et incorruptible sur la ville, la préservant de l'anarchie et du despotisme.

Éloge de l'aréopage par Athéna

« Écoutez maintenant, citoyens d'Athènes, la loi que je fonde. Vous allez, pour la première fois, porter la sentence à propos du sang versé. Mais ce tribunal, désormais, rendra toujours ses arrêts au peuple d'Égée. Il siégera sur cette colline, où les Amazones jadis fixèrent leur séjour et leurs tentes, lorsque, pleines de courroux contre Thésée, elles attaquèrent la ville nouvelle encore, et à ses hautes tours opposèrent des tours ennemies. Elles y sacrifièrent à Arès : de là le nom du rocher, le nom d'Aréopage. Ce tribunal imprimera à jamais au cœur des citoyens le respect et la crainte. L'homme n'osera plus commettre l'injustice, ni le jour ni la nuit, pourvu qu'eux-mêmes les citoyens n'altèrent pas leurs institutions par des innovations mauvaises. Je donne aux Athéniens une barrière contre l'anarchie et contre le despotisme. Quel mortel reste juste, s'il ne redoute rien ? Ayez donc pour ce tribunal une crainte respectueuse. Ce sera le rempart d'Athènes, le salut de votre pays, une magistrature comme n'en possède aucun peuple au monde, ni les Scythes, ni les habitants de la terre de Pélops. Incorruptible, vénérable, sévère ; sentinelle éveillée, même quand la cité dort : tel sera ce nouveau tribunal ».

Eschyle