Actéon

Actéon dévoré par ses chiens.
Actéon dévoré par ses chiens.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

1. Fils d'Aristée et d'Autonoé.

Actéon reçoit son éducation de Chiron ; le Centaure lui enseigne si bien l'art cynégétique qu'Actéon se prétend meilleur chasseur qu'Artémis.

Un jour, Actéon surprend Artémis alors qu'elle se baigne, en compagnie de ses nymphes, dans la source du Gargaphié, au pied du mont Cithéron. La déesse s'en aperçoit : c'est plus qu'elle n'en peut supporter de la part de ce chasseur présomptueux : elle le transforme en cerf. Les cinquante chiens d'Actéon, enragés, se lancent à la poursuite de l'animal, le rattrapent et, suivant peut-être la volonté de Zeus, le dévorent sans le reconnaître, lentement, très lentement : tel est le désir d'Artémis, afin que les souffrances du misérable soient plus longues encore.

Comme Chiron a de l'affection pour Actéon, qui a été son élève, le Centaure veut venger sa mort en tuant les chiens. Mais Artémis lui apprend que le destin de cette meute est d'accompagner Dionysos ; puis, une fois que Dionysos aura rejoint l'Olympe, les chiens, se retrouvant seuls, deviendront les compagnons du Centaure. Chiron, donc, les guérit de la rage. S'apercevant alors du mal qu'ils ont fait à leur maître, les animaux se mettent à aboyer.

Variantes : Les causes du châtiment d'Actéon

I. L'intention d'Actéon était de violer la déesse.

II. Actéon fait désaltérer ses chiens à la source même où Artémis se baigne ; la déesse transforme Actéon pour qu'il ne raconte pas ce qu'il a vu.

III. Actéon est dévoré par ses chiens parce qu'il convoitait Sémélé : or Sémélé est la protégée de Zeus, qui veut faire d'elle sa maîtresse. Artémis, sur les consignes du maître de l'Olympe, métamorphose Actéon en cerf.

IV. On dit d'Actéon qu'il a été mis en pièces par ses propres chiens : c'est faux. Le chien est un animal qui aime son maître qui le nourrit, et les chiennes de chasse, en particulier, font la fête à tous, en agitant leur queue. Certains prétendent qu'Artémis métamorphose Actéon en cerf, et que c'est sous cet aspect qu'il a été dévoré par ses chiennes. Artémis, sans doute, peut faire ce qu'elle veut ; néanmoins, il est invraisemblable qu'un homme puisse devenir cerf, et le contraire n'est pas non plus possible. Les poètes ont raconté ce mythe, de telle façon que celui qui l'écoute n'offense pas les dieux. Mais la vérité est la suivante. L'Arcadien Actéon est passionné par la chasse. Il élève de nombreux chiens et, en leur compagnie, il se rend sur les montagnes, négligeant du même coup ses affaires. Les hommes d'alors travaillent de leurs mains, et n'ont pas d'esclaves. Ils cultivent la terre et c'est celui qui se donne le plus de mal qui gagne le plus d'argent. Actéon, qui se désintéresse de ses biens et préfère chasser avec ses bêtes, voit bientôt son patrimoine fortement diminué. Et quand il ne lui reste plus rien, les gens disent de lui : « Pauvre Actéon ! ses chiens l'ont saigné à blanc ! »

Variante : Ce qui suit la mort d'Actéon

Cherchant ensuite vainement son maître, la meute parvient à la caverne du Centaure Chiron. Afin de réduire sa tristesse, le Centaure façonne une statue à l'image d'Actéon. Les chiens deviennent les compagnons de Dionysos qu'ils suivent jusqu'en Inde. Quant à Actéon, son ombre apparaît à son père dans son sommeil ; sous son apparence de cerf, elle se fait reconnaître ; elle le supplie de lui accorder les honneurs funèbres. Les restes d'Actéon sont alors rassemblés par Autonoé. Mais Actéon n'est pas vraiment mort : après sa métamorphose, il va combattre en Inde aux côtés de Dionysos.

Voir aussi : Chiron, Dionysos, Mélissos

2. Fils de Mélissos.

Voir aussi : Archias, Mélissos

La mort d'Actéon

Cette meute, emportée par l'ardeur de la proie, poursuit Actéon, et s'élance à travers les montagnes, à travers les rochers escarpés ou sans voie. Actéon fuit, poursuivi dans ces mêmes lieux où tant de fois il poursuivit les hôtes des forêts. Hélas ! lui-même il fuit ses fidèles compagnons ; il voudrait leur crier : « Je suis Actéon, reconnaissez votre maître. » Mais il ne peut plus faire entendre sa voix. Cependant d'innombrables abois font résonner les airs. Mélanchétès lui fait au dos la première blessure ; Thérodamas le mord ensuite ; Orésitrophos l'atteint à l'épaule. Ils s'étaient élancés les derniers à sa poursuite, mais en suivant les sentiers coupés de la montagne, ils étaient arrivés les premiers. Tandis qu'ils arrêtent le malheureux Actéon, la meute arrive, fond sur lui, le déchire, et bientôt sur tout son corps il ne reste aucune place à de nouvelles blessures. Il gémit, et les sons plaintifs qu'il fait entendre, s'ils diffèrent de la voix de l'homme, ne ressemblent pas non plus à celle du cerf. Il remplit de ses cris ces lieux qu'il a tant de fois parcourus ; et, tel qu'un suppliant, fléchissant le genou, mais ne pouvant tendre ses bras, il tourne en silence autour de lui sa tête languissante.

Ovide

Actéon dévoré par ses chiens.
Actéon dévoré par ses chiens.