strette

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Francisation du mot italien stretto (« serré »), parfois conservé tel quel.

1. Dans un contrepoint polyphonique, procédé consistant à superposer un thème à lui-même, littéralement ou non, le plus souvent sur des degrés différents ; les degrés privilégiés sont habituellement l'octave, la quinte et la quarte. La première entrée est dite antécédent, les suivantes sont les conséquents. L'entrée en strette se distingue de l'entrée en « fugue » par le fait que le conséquent n'attend pas la fin de l'antécédent pour entrer lui-même, comme il le fait dans une exposition de fugue. Si le conséquent entre sur la quinte ou la quarte, il se voit plus ou moins assimilé à une réponse de fugue et peut être amené à en respecter les principes (notamment en ce qui concerne la « mutation »). L'entrée en strette est, de très loin, la plus fréquente dans les motets et chansons polyphoniques de style contrepoint du xve au xviie siècle. Il en est de même dans les plus anciens ricercari ; le remplacement de l'entrée en strette par l'exposition de fugue dans ce dernier genre a été l'un des éléments essentiels de la transformation du ricercare en fugue, même si le nom s'est parfois transmis de l'un à l'autre sans critères bien précis. Bach donne aux fugues de son Offrande musicale le nom de ricercare et emploie l'entrée en strette dans l'une des sections de son Art de la fugue, mais à son époque ces mélanges de noms étaient déjà exceptionnels.

2. Dans la fugue classique, après disparition de l'entrée en strette, ce dernier procédé s'est trouvé reporté sur une section spéciale qui en a pris le nom et se place généralement à l'approche de la fin, comme point d'aboutissement du travail thématique accompli sur le sujet ­ ou plus rarement sur le contre-sujet. Il peut y avoir plusieurs strettes, présentées de manière de plus en plus serrée. La strette est dite réelle quand elle superpose exactement le sujet et sa réponse, libre quand elle dispose les entrées sur d'autres degrés, ou ne respecte pas la littéralité intégrale du sujet.

3. Dans un chœur, un final d'opéra, etc., on appelle quelquefois strette, sans exigence technique précise, une progression donnant l'impression d'un resserrement progressif des entrées, souvent lié à une accélération du mouvement.

4. Indication d'exécution liée comme dans le sens précédent à une certaine accélération du tempo (piu stretto).