pot-pourri

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Expression dérivée de l'espagnol olla potrida (plat de viandes et légumes mélangés), et utilisée en France au xviiie siècle pour désigner, en musique, des collections de thèmes connus, notamment d'airs d'opéras en vogue.

Aujourd'hui, on appelle pot-pourri (en anglais medley, en allemand Potpourri) une pièce de musique de style léger qui enchaîne rapidement, sans les développer, différents thèmes connus (airs d'une opérette, succès d'une vedette, airs classiques d'un certain genre ­ musette, viennois, etc.). Mais le pot-pourri est un genre ancien, né pour le seul plaisir de faire entendre et reconnaître en peu de temps une série de thèmes appréciés et évocateurs. Il joue sur la connivence, la nostalgie, le plaisir du « déjà connu », et il existe depuis longtemps sous les noms de « fricassée » (en France, xvie s.), « quodlibet », c'est-à-dire « tout ce qu'on veut », « ce qui plaît » (en Allemagne, xvie et xviie s., cf. le Quodlibet de 2 thèmes populaires dans la fin des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach), ensalada en Espagne, et misticanza en Italie. Au xviiie siècle, Bonin publie des sélections de danses sous le titre de Pot pourry Français. Joseph Gelinek écrit des pots-pourris pour piano d'airs d'opéras de Mozart, et, au xixe siècle, Diabelli s'attaque de la même manière aux œuvres de Beethoven. Chopin appelle « pot-pourri » sa Fantaisie op. 13 sur des airs polonais, et l'on publie beaucoup de « sélections » pour piano, orchestres de kiosque, bals, des airs des opéras en vogue. Aujourd'hui, le genre est bien vivant, que ce soit dans la musique de variété, ou dans la musique « sérieuse » où il revit à travers les musiques de « collage » (pot-pourri beethovénien du Ludwig van de Mauricio Kagel, et troisième mouvement de la Sinfonia de Luciano Berio [1968], qui est un grand pot-pourri de la musique occidentale construit autour du scherzo de la Deuxième Symphonie de Mahler).