montage

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Technique utilisée dans l'enregistrement sonore sur magnétophone. Elle consiste, comme au cinéma avec la pellicule photographique, à choisir et à raccorder entre elles les meilleures « prises » d'une exécution musicale pour établir une bande définitive correspondant à l'interprétation idéale de l'artiste ou de la formation enregistrée. Sur une bande magnétique défilant à 38 cm/s, une noire d'un morceau marqué andante (60 à la noire) occupe 38 cm de bande, et une double croche dans le même mouvement occupe donc 9,5 cm. C'est dire à quel point est grande la latitude d'intervention du technicien pour couper ou retoucher dans la matière sonore inscrite sur la bande. Ainsi, l'art du montage s'étant développé, on en est venu à pouvoir isoler une seule note inexacte pour la remplacer par la même, bien exécutée, empruntée à une autre prise ; ou à « nettoyer » la bande d'imperfections, de bruits parasites, etc.

Une question se pose, cependant : la bande ainsi montée est-elle représentative de la réalité musicale d'une exécution, et ne risque-t-on pas, de la sorte, d'aboutir à une sorte de perfection abstraite et glacée, sans rapport avec la communication « à chaud » qui est le propre de l'exécution en concert ? Poussé trop loin, en effet, le montage d'épisodes et de fragments enregistrés en des moments différents mène à la création d'une sorte d'« art fictif » qui perd tout rapport avec la réalité, avec pour conséquence le désappointement de certains mélomanes discophiles lorsqu'ils se retrouvent en contact avec la musique vivante au concert ; il risque aussi de contribuer à créer de fausses valeurs artistiques d'interprètes qui donnent ainsi mieux qu'ils ne sont capables de le faire dans la continuité d'une exécution. C'est pourquoi certains musiciens préfèrent enregistrer par longues séquences, et n'en appeler au montage que pour quelques « raccords » indispensables. De même, bien des amateurs de disques, suivis en cela par les éditeurs, préfèrent aujourd'hui revenir aux prises « sur le vif », au cours de concerts publics, lesquelles, malgré leurs imperfections techniques éventuelles, sont bien davantage un témoignage de l'art des interprètes ainsi photographiés en « instantané ».

À l'actif du montage, cependant, il faut retenir la possibilité qu'ont un directeur artistique et un ingénieur du son dotés de sensibilité musicale et de respect de l'artiste qu'ils enregistrent d'en donner un portrait sinon idéal, du moins correspondant au mieux à son art d'interprète.