style galant

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Terme s'appliquant à une esthétique musicale caractérisant une partie de la production des années 1730-1780, mais valable également pour certaines œuvres antérieures ou postérieures.

Le mot « galant » ­ de l'ancien verbe « galer » ­ signifiait une manière extravertie de s'exprimer, « être vif, joyeux, se réjouir », et le style galant correspondait moins à un mode d'écriture qu'à un état d'esprit. Ses aspects extérieurs furent la renonciation à la polyphonie, l'accent mis sur la séduction mélodique, la variation ornementale, la décoration, et aussi la virtuosité conçue comme un but en soi. D'où, comme définition possible, la « rencontre entre le souci du prestige technique et l'obligation de rester plaisant » (J. Massin). Le style galant s'oppose donc, sans toutefois en être nécessairement totalement absent, à Bach et à Rameau en tant que derniers grands représentants de l'ère baroque, à l'Empfindsamkeit d'un Carl Philipp Emanuel Bach, à Gluck, au travail de pionnier de Joseph Haydn dans les années 1760, ou encore au Sturm und Drang des compositeurs autrichiens des alentours de 1770. Parmi ses représentants, un certain Telemann, beaucoup de musiciens de cour, et surtout Jean-Chrétien Bach, son plus parfait porte-parole sans doute. Historiquement et esthétiquement, il fallut dépasser le style galant sans pour autant en ignorer les acquisitions. Ce fut essentiellement l'œuvre de Mozart et de Joseph Haydn, qui sacrifièrent au style galant, mais dont le style de maturité (à partir de 1780) est inconcevable sans ce phrasé articulé, cette polarisation tonique-dominante, ce souci des contrastes et ce dramatisme tonal qui sont autant de sublimations des recettes du style galant, et qui rendent, en fin de compte, sa genèse inséparable de celle de ces genres dramatiques entre tous que sont le concerto pour piano et l'opera buffa italien. En d'autres termes, le style galant, bien que, par de nombreux traits, d'essence aristocratique et expression de l'art de vivre de l'aristocratie, résulta, entre autres, de l'apparition d'un public nouveau, le public bourgeois, qui, à l'Opéra ou au concert, souhaitait avant tout être diverti ; or, comme l'a fait remarquer Adorno, ce désir de divertissement eut comme effet dialectique positif, par opposition à la relative unité de facture du baroque, une diversification de la matière première « composée », aboutissant finalement à cette relation dynamique entre unité et diversité sur laquelle devait se fonder le classicisme viennois. Ce fut notamment pour avoir su mettre le style galant et son côté théâtral au service de leur dynamique formelle que Haydn et Mozart, contrairement à ce qu'avaient dû faire leurs prédécesseurs immédiats et eux-mêmes en leurs débuts, n'eurent plus à choisir entre surprise dramatique et cohérence à grande échelle, entre expression et élégance, mais purent réaliser, de ces objectifs jadis contradictoires, la synthèse magistrale que l'on sait.