diapason

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

1. Nom donné à l'octave (littéralement : « par tous »), dans la terminologie de la musique grecque antique, conservée en latin médiéval. L'explication de ce terme est restée controversée ; elle constitue, du reste, l'une des questions d'école soulevées par Aristote dans son ouvrage apocryphe, les Problèmes musicaux (19e section).

2. Son de référence sur lequel s'accordent « tous » les instruments susceptibles de jouer simultanément. Le choix de ce son (de même que sa fréquence ou « hauteur absolue ») a d'abord été variable ; au cours du xixe siècle, l'usage s'est établi de le fixer sur le la3 (dit la du diapason), mais ce n'est qu'en 1859 et en France seulement que sa fréquence a pu d'abord être normalisée (435 Hz ­ on disait « vibrations doubles » ­ à la seconde, à la température de 18 oC). Cette normalisation a été étendue au plan international en 1885, puis, devant les multiples entorses qu'elle ne cessait de subir ­ car le « diapason » n'a jamais cessé de monter ­, elle a été modifiée théoriquement en 1939 et en 1953 (440 Hz à 20 oC), sans que pour autant ait pu être enrayée une ascension qui se poursuit encore de manière variable d'un pays à l'autre (445 Hz en moyenne en 1979). Ce qui pose de redoutables problèmes tant aux chanteurs qu'aux facteurs d'instruments, voire aux instrumentistes à carrière internationale. Ce problème, qui apparaît insoluble, n'est pas étranger aux divergences fondamentales qui opposent entre eux les partisans d'une éducation musicale appuyée sur la hauteur absolue et ceux qui entendent la fonder sur la hauteur relative, les deux données étant en réalité différentes et complémentaires ; la seconde, tributaire de la normalisation, n'a pu évidemment être envisagée qu'à partir de celle-ci, ce qui interdit de la prendre en considération en deçà des deux dates indiquées (1859-1885 selon les pays).

3. Instrument destiné à faire entendre le son de référence défini ci-dessus (en principe le la3) en vue de l'accord des instruments. Les plus anciens diapasons, selon la légende, auraient été des cloches conservées au palais de l'empereur de Chine et nommées liu (« lois »), sur lesquelles devaient s'accorder les instruments rituels. Ni l'Antiquité gréco-romaine, ni le Moyen Âge, ni la Renaissance n'ont envisagé le diapason : la hauteur absolue se prenait au jugé en fonction de la seule tessiture ­ ce que continuent à faire à peu près toutes les musiques non écrites. Les premiers diapasons semblent avoir été de petits tubes sonores, parfois à « pompe » étalonnée, puis on leur préféra le « diapason à fourche », tige d'acier recourbée en U inventée en 1711 par l'Anglais John Shore. Les chefs de chœur se servent également d'un « diapason à bouche », comportant une anche battante simple.

Le son choisi pour le diapason est généralement le la3, mais on trouve également des diapasons étalonnés en do ou même en si bémol (dans le cas des instruments à vent).

4. Le terme diapason a d'autre part un sens particulier en lutherie et en organologie. Dans la construction des instruments à vent, il désigne l'ensemble des rapports adoptés entre la perce (diamètre) et la longueur, ou hauteur, des tubes. Le même sens s'applique aux tuyaux d'orgue. Un large diapason (ou taille) assure aux jeux ouverts, de fond, une sonorité plus ronde ; un diapason étroit donne une sonorité plus incisive (montres, gambes).

Dans la construction des instruments à cordes, le terme diapason désigne le rapport entre la longueur de la table et celle du manche (entre sillet et éclisses).