cantus firmus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

L'une des acceptions de cantus § 3 ayant conservé en français son expression latine.

1. Dans la polyphonie religieuse du xve siècle et au-delà, l'une des voix de la polyphonie présentant en valeurs plus longues que les autres parties la citation littérale d'un texte connu, généralement liturgique, soit que l'ensemble de la polyphonie en soit le développement, ou l'harmonisation, soit que le cantus firmus intervienne à titre de commentaire pour une citation-référence éclairant le sens du texte. On peut faire remonter la conception du cantus firmus aux teneurs d'organa de l'école de Pérotin, où le chant donné s'étalait en valeurs longues, tandis que les autres voix tissaient une broderie en valeurs courtes. Il arrive fréquemment que le cantus firmus présente un texte latin, alors que les autres voix sont en langue vulgaire. Le mélange se trouve dans le motet au Moyen Âge (G. de Machaut) ; Dufay a écrit une déploration sur la perte de Constantinople qui emploie le même principe, O très piteulx, en lui donnant pour cantus firmus un verset latin des Lamentations de Jérémie. Le procédé du cantus firmus se retrouve jusque dans la musique religieuse du jeune Mozart (motet Benedictus sit).

2. Au xviie et surtout au xviiie siècle, l'usage du cantus firmus s'étend au répertoire du choral luthérien, qui l'utilise aussi bien dans les cantates religieuses que dans les développements pour orgue, notamment dans le genre dit choral figuré, illustré principalement par Pachelbel, puis par J. S. Bach. Le choral De profundis de Bach, à double pédale (Aus tiefer Noth), en constitue l'un des exemples les plus parfaits.

3. À partir du xviiie siècle, la pédagogie a annexé la pratique du cantus firmus en lui enlevant le caractère signifiant qui le justifiait pour le transformer en simple artifice d'écriture, enseigné comme l'une des bases du contrepoint. Le cantus firmus ainsi compris n'est plus dès lors qu'une simple suite de valeurs longues quelconques sur lesquelles l'élève est prié de réaliser certains exercices d'écriture.

4. À l'imitation du cantus firmus ancien, on désigne parfois sous ce nom une mélodie quelconque lorsque, dans un ensemble polyphonique, elle se présente en valeurs plus longues que son entourage : un exemple célèbre en est le choral qui termine la 2e symphonie d'Arthur Honegger.