bataille

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Le thème des batailles n'a pas moins inspiré les musiciens que les peintres, mais ils n'en ont, en général, retenu que l'aspect extérieur et superficiel : appels, fanfares, chocs spectaculaires, auxquels s'ajoute volontiers, lorsqu'il s'agit pour l'auteur d'une victoire de son prince ou de son peuple, un chant de triomphe dominant la défaite de l'ennemi. Le Chef d'armée de Moussorgski, l'un des 4 Chants et danses de la mort, est un exemple quasi unique d'évocation vraiment dramatique des batailles.

Sous l'aspect vocal, le genre apparaît dès la fin du xive siècle (Grimace : Alarme, alarme !), se poursuit au xve et culmine au xvie siècle, où Costeley écrit une Prise de Calais et une Prise du Havre, Janequin une Bataille de Metz, une Bataille de Renty et, la plus célèbre de toutes, la Guerre (connue sous le nom de la Bataille de Marignan). Cette dernière n'est pas un récit héroïque de la victoire de François Ier. Ayant pour propos d'amuser de « gentils Gallois », c'est-à-dire des bons vivants et joyeux drilles, elle traduit les bruits et épisodes du combat en une extraordinaire évocation d'orchestration chorale, qui a fait l'objet, dès sa parution, de très nombreuses transcriptions, surtout pour le luth. Elle a même été transformée en messe (messe la Bataille), probablement par Janequin lui-même, selon la technique de la messe-parodie (→ MESSE).

Conformément à la casuistique amoureuse de la Renaissance, l'amour est souvent évoqué en termes de bataille (Claude Le Jeune, dans le Printemps : « Le dieu Mars et l'Amour sont parmi la campagne » ; suit la comparaison des deux actions) et donne lieu à des scènes musicales analogues les unes aux autres ; Monteverdi met sur le même plan ses Madrigali guerrieri ed amorosi (1638). Les opéras fourmillent, sinon de scènes de bataille difficiles à rendre au théâtre, du moins de « bruits de guerre » ou évocations symphoniques analogues. Le clavecin lui-même accueille des descriptions plus ou moins naïves de batailles terrestres ou navales. Abandonné par le piano-forte, le genre est, au xixe siècle, abondamment recueilli par l'orchestre, et jusque dans les messes, où l'Agnus Dei, entre autres, par son Dona nobis pacem, si amplement développé par Beethoven dans sa Missa solemnis, appelle le contraste de la guerre à apaiser. Ouvertures, poèmes symphoniques, etc. ­ en attendant les musiques de film du xxe siècle ­ lui font bonne place, de la Victoire de Wellington (ou la Bataille de Vittoria), que Beethoven écrit en 1813 avec accompagnement de canon obligé, à l'Ouverture 1812 de Tchaïkovski (1880), la Sinfonia brevis de bello gallico de Vincent d'Indy (1918) ou la symphonie no 7 « Leningrad » de Chostakovitch (1941).