Eugène Ysaye

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Violoniste, chef d'orchestre et compositeur belge (Liège 1858 – Bruxelles 1931).

Dès l'âge de quatre ans, il étudia le violon avec son père, et en 1865, entra au conservatoire de Liège. Il y obtint un deuxième prix en 1867, puis, après avoir quitté l'établissement durant deux ans, un premier prix en 1873 et une médaille d'argent en 1874. Il étudia ensuite au conservatoire de Bruxelles avec Wieniawski, puis à Paris pendant trois ans avec Vieuxtemps. En 1879, il devint premier violon de l'orchestre Bisle à Berlin, puis fit des tournées avant de s'installer à Paris (1883-1886). Il enseigna ensuite pendant douze ans au conservatoire de Bruxelles, où il fonda les Concerts Ysaye, destinés à promouvoir le répertoire belge et français contemporain. Il fit ses débuts à Londres en 1889, et en 1894, effectua la première de ses huit tournées aux États-Unis. Son agilité ayant diminué, il se tourna aussi vers la direction d'orchestre, et de 1918 à 1922 fut à la tête de l'Orchestre symphonique de Cincinnati. En 1922, il retourna à Bruxelles et y rétablit les Concerts Ysaye.

Il transmit au xxe siècle la tradition de Vieuxtemps et de Wieniawski, en particulier leur intense vibrato, et développa une sonorité unique dont Kreisler devait se faire l'émule. Pionnier de l'école moderne de violon, il était révéré comme un maître par des artistes tels que Jacques Thibaud, George Enesco ou Joseph Szigeti. Au cours de son séjour à Paris, il se lia avec de nombreux compositeurs de l'époque : il reçut en dédicace, outre la Sonate de Guillaume Lekeu, celle de César Franck, le Poème et le Concert de Chausson, ainsi que le Quatuor, les Nocturnes et Pelléas et Mélisande de Debussy. Du concours international Eugène-Ysaye, fondé en 1937 et devenu plus tard volet du concours Reine-Élisabeth, le premier lauréat fut David Oïstrakh. Comme compositeur, il écrivit notamment un Poème élégiaque pour violon et orchestre op. 12 (v. 1895), dont Chausson s'inspira pour son Poème, et six sonates pour violon seul op. 27 (1924).