Franz Schmidt

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Violoncelliste, pédagogue et compositeur austro-hongrois (Poszonyi, ex-Presbourg, auj. Bratislava, 1874 – Perchtolsdorf, près de Vienne, 1939).

Il fut au conservatoire de Vienne l'élève de Ferdinand Hellmesberger pour le violoncelle et de Robert Fuchs pour la composition. Mais son admiration juvénile allait à Anton Bruckner, dont il put suivre quelques leçons à l'université. Il entre en 1896 à l'orchestre de l'Opéra. Nommé en 1901 professeur de violoncelle au conservatoire, il laissera peu d'œuvres pour son instrument, mais le traitera avec prédilection dans l'orchestre, lui confiant de longs solos, de même que dans la musique de chambre. Comme instrumentiste, il suit toute la carrière de Mahler à l'Opéra de Vienne, et c'est au cours de la tournée de la Philharmonie en 1900 à Paris qu'il recueille les sujets de ses deux futurs opéras : Notre-Dame, d'après Victor Hugo (terminé en 1904, créé seulement en 1913) ; et Fredigundis, écrit de 1916 à 1921 et créé à Berlin en décembre 1922. En 1911, Schmidt quitte la Philharmonie et en 1913 l'Opéra, pour ne conserver que son enseignement au conservatoire, où il est nommé directeur des études en 1925 ; il en deviendra bientôt le recteur (1927 à 1931). À ce titre, il donne en 1929 à Schönberg l'occasion d'y faire entendre ses œuvres et tient lui-même le piano. Souffrant d'angine de poitrine, il subit en outre des chocs moraux terribles avec la démence de sa première épouse et la mort en couches, en 1932, de sa fille unique, et mourut en laissant inachevée sa cantate Deutsche Auferstehung ­ concession au régime nazi qui ne lui a pas encore été pardonnée par la postérité.

Franz Schmidt demeure le plus important symphoniste autrichien après Bruckner et Mahler. Il s'inscrit surtout dans la descendance du premier, associant en une synthèse très personnelle cette influence à celle de Brahms. Sa printanière Symphonie no 1 en mi majeur lui valut dès 1902 le prix Beethoven ; mais c'est la Symphonie no 2 en mi bémol majeur, écrite de 1911 à 1913 et créée le 3 décembre 1913 par Franz Schalk, qui demeure son chef-d'œuvre spécifique et l'une des plus hautes manifestations de la grande tradition orchestrale après Mahler. Après l'intermède de la Symphonie no 3 en la majeur, hommage à Schubert, qui, en 1928, recueillit le prix autrichien du concours Columbia, la Symphonie no 4 en ut majeur, de 1933, est un douloureux thrène qui clôt la carrière du symphoniste par une innovation formelle remarquable, une structure unitaire où les divers mouvements, joués sans interruption, s'identifient aux épisodes successifs d'une unique forme sonate. Dans l'opéra également, les formes instrumentales sont mises en œuvre par Franz Schmidt avant de l'être par Busoni, dans Doktor Faust, et par Berg, dans Wozzeck. Sa musique concertante avec piano fut entièrement écrite pour la main gauche seule, sur commande de Paul von Wittgenstein : Variations sur un thème de Beethoven et Concerto en mi bémol, auxquels il faut adjoindre les trois beaux Quintettes (1926 ; 1932 ; 1938), dont les deux derniers comportent une partie de clarinette.

L'orgue est redevable à Franz Schmidt d'un « corpus » considérable, culminant en 1925 sur la Chaconne en ut dièse et qui se situe dans la mouvance directe de Max Reger. Enfin, l'œuvre la plus célèbre de Franz Schmidt, et la seule vraiment connue à l'étranger, demeure l'oratorio le Livre aux sept sceaux, terminé en 1937 et créé à Vienne en 1938.