Henri Sauguet

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Bordeaux 1901 – Paris 1989).

Dès l'enfance, Henri Sauguet est initié à la musique ; il apprend le piano et chante à la maîtrise de sa paroisse. La Première Guerre mondiale l'empêche de se présenter au conservatoire de Bordeaux ; son père étant mobilisé, il doit gagner sa vie au lieu de poursuivre ses études. Sa vocation s'affirme. Henri Sauguet découvre avec ferveur l'œuvre de Debussy, et, en 1918, employé à la préfecture de Montauban, étudie la composition sous la direction de Joseph Canteloube.

En 1919, il envoie à Darius Milhaud ses premières compositions et fonde à Bordeaux, avec J.-M. Lizotte et Louis Emié, un « groupe des Trois » qui donne un concert d'avant-garde. Darius Milhaud l'invite à Paris en 1921. Henri Sauguet quitte alors définitivement Bordeaux, trouve un gagne-pain dans la capitale, et reçoit des leçons de Charles Kœchlin. En 1922, il est présenté à Erik Satie qui, l'année suivante, patronne l'« école d'Arcueil », constituée de Henri Cliquet-Pleyel, Roger Desormière, Maxime Jacob et Henri Sauguet. Il débute au théâtre en 1924 avec un opéra bouffe : le Plumet du colonel, et un ballet, les Roses. Les Ballets russes de Diaghilev créent à Monte-Carlo, en 1927, son second ballet, la Chatte.

Dès 1926, Henri Sauguet projette d'écrire un opéra sur la Chartreuse de Parme de Stendhal. Cette œuvre, achevée en 1936, sera créée à l'Opéra de Paris en 1939. Transposant le romantisme italien dans son propre style, Henri Sauguet a fait ici une œuvre originale dont le langage, qui est celui du xxe siècle, ne fait pas obstacle à une certaine nostalgie du passé. Cette couleur mélancolique que l'on retrouvera dans d'autres œuvres « romantiques », telles que les Caprices de Marianne (1954), la Dame aux camélias (1959), est, d'une manière plus générale, un des attraits et une des caractéristiques de la musique de Sauguet.

En 1945, dû à la collaboration de Boris Kochno, Christian Bérard, Roland Petit et Henri Sauguet, le ballet les Forains, dédié à la mémoire d'Erik Satie, devint très vite populaire. De là à enfermer Sauguet dans la spécialité de compositeur de ballets, il n'y aurait qu'un pas. Mais, en 1948, un remarquable Quatuor à cordes et un recueil de mélodies sur des poèmes de Max Jacob, Visions infernales, démontrent l'universalité du compositeur, qui écrit, l'année suivante, une Symphonie allégorique : les Saisons. Entre 1950 et 1964, Henri Sauguet compose de nombreuses œuvres dont les plus importantes, le Cornette, sur des poèmes de Rilke, les Caprices de Marianne, opéra d'après Alfred de Musset, la Dame aux camélias, ballet d'après Alexandre Dumas fils, L'oiseau a vu tout cela, sur un poème de Jean Cayrol, Mélodie concertante pour violoncelle et orchestre, indiquent l'étendue du « registre poétique » du musicien.