Pologne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Sise au cœur de l'Europe, la Pologne est le point de rencontre entre la culture slave et la culture occidentale. Le festival de musique contemporaine l'Automne de Varsovie en témoigne, attirant des artistes de toutes les nations.

C'est à la fin des années 50, lors de la déstalinisation (1956), qu'une formidable effervescence musicale éclata, avec toute la puissance que peut posséder un courant trop longtemps contenu. La création musicale polonaise se manifesta alors dans toute sa vigueur ; tous les principaux grands prix internationaux de composition furent remportés par des Polonais. À la Tribune internationale des compositeurs de l'Unesco, en quatre ans, trois fois le premier prix fut attribué à une œuvre polonaise (1958, 1959, 1961). Et de nouveau, en 1963, le premier et le second prix revinrent à des créations polonaises. Mais cette reconnaissance internationale est l'aboutissement d'une longue histoire.

Les origines

Officiellement christianisée en 966, la Pologne prit alors rang parmi les États européens qui prêtèrent allégeance à l'Église de Rome, alors que la Russie optait pour Byzance et l'orthodoxie (955). L'inventaire de la musique polonaise est encore tout récent ; la raison en est simple : l'histoire de la musique comme discipline scientifique s'est formée au xixe siècle, à une période où la Pologne en tant qu'État indépendant avait cessé d'exister. Aussi commença-t-elle ses premières tentatives de recherches historiques avec un demi-siècle de retard ; or, l'étude approfondie de l'histoire de la culture musicale d'un pays exige un effort de plusieurs générations. Dès lors, il est sans doute prématuré de vouloir réaliser une synthèse. Ces vingt dernières années, ont été exhumées plus de 400 œuvres manuscrites, qui remontent au milieu du xie siècle et témoignent de l'influence du chant grégorien dès le xe siècle : les grands centres se situaient alors à Pozna'n, WrocÐaw et Cracovie.

Le premier chant polonais connu est le chant religieux et guerrier Bogurodzica (xiiie s.), cantique à la Vierge, qui fut l'hymne de ralliement de la chevalerie polonaise au combat, notamment lors de la bataille de Grunwald-Tannenberg (1410) grâce à laquelle fut stoppé l'expansionnisme des chevaliers Teutoniques. On trouve aussi dans l'œuvre de l'ethnologue Oscar Kolberg (1814-1890) plus de 20 000 mélodies populaires des diverses régions de Pologne, dont certaines, fondées sur la gamme pentatonique (gamme commune aux cultures archaïques mongoles et indo-européennes), sont des cantiques préchrétiens (noëls, Saint-Jean d'Été, chants nuptiaux, etc.) encore chantés dans la région de Lublin.

La fin du Moyen Âge

L'université Jagellon, fondée en 1364 à Cracovie par Casimir le Grand, attirait érudits et artistes de toute l'Europe. Aussi, dès le début du xve siècle, grâce à ce brassage, vit-on s'épanouir une école de chant polyphonique, dont le seul ­ et le premier ­ compositeur connu est Mikolaj de Radom (ou Radomski) ; il écrivit des œuvres à 3 voix d'un art consommé très influencé par la lyrique franco-flamande et un hymne pour voix et 2 instruments, dont le texte évoque la vie à la cour du roi Ladislas II Jagellon.

La Renaissance

À l'époque où l'imprimerie musicale faisait son apparition (début du xvie s.), les musiciens polonais avaient acquis droit de cité au sein de l'Europe artistique et entretenaient d'actives relations avec les divers pays de cette vaste communauté culturelle : en témoignent les Tablatures d'orgue de Jean de Lublin (les plus importantes que l'on ait, à l'époque, publiées sur ce sujet, 1537 et 1548), la Tablature d'orgue du monastère du Saint-Esprit à Cracovie (1548) et la Tablature de luth de Cracovie (1555), où, à côté des compositions polonaises, figurent les œuvres des plus éminents polyphonistes de l'Europe occidentale. L'école de luth, illustrée par Dlugoray (1550-1619) et Polak († v. 1605), fut fondée par le luthiste hongrois Bakfark, qui séjourna en Pologne de 1549 à 1566. Parmi les compositeurs, retenons Mikolaj de Cracovie (première moitié du xvie s.), dont malheureusement l'œuvre est parvenue essentiellement en transcriptions pour orgue. Mikolaj Gomolka (v. 1535-1593), polyphoniste de grand renom, mit en musique, à 4 voix, le premier psautier polonais, cycle de 150 psaumes traduits par le poète Jan Kochanowski, publié en 1580. Waclaw de Szamotuly (apr. 1520-v. 1560), musicien attitré du roi Sigismond Auguste, composa une œuvre déterminante pour l'évolution de la musique polonaise : utilisant abondamment le langage polyphonique avec une très grande aisance, il fut le premier à écrire pour 8 voix. Marcin de Lvov ou Leopolita (1540-1589) fut l'auteur de très belles messes tirées de noëls populaires et de motets à 5 voix. Quant à la danse, qui participe de l'être même de la nation polonaise (en atteste la terminologie internationale dès l'époque : balletto polacco ou chorea polonica), on en trouve l'une des expressions les plus accomplies dans la mazurka, qui apparaît vers 1550.

La période baroque

Dès l'aube du xviie siècle, la Pologne se prit d'engouement pour l'Italie. L'italianisme revêt une telle ampleur qu'il finit par occulter la veine nationale, qui ne se retrouva qu'avec Chopin. Un lent et progressif déclin de la personnalité polonaise commença alors, couvrant la seconde moitié du xviie et le xviiie siècle. Cependant, tout en n'égalant pas les grands compositeurs ouest-européens de l'époque, trois figures dominèrent en Pologne. À la charnière du xvie et du xviie siècle, Mikolaj Zielenski (1551-1615) écrivit de très belles œuvres vocales et instrumentales fortement inspirées des Vénitiens (en particulier des Gabrieli), et publia à Venise en 1611 deux volumes de 121 pièces : Offertoria et communiones totius anni, le premier comprenant des œuvres à 7 ou 8 voix, le second de 1 à 5 voix. Il composa aussi un magnificat à 12 voix. Adam Jarzebski (mort en 1649), qui connut parallèlement une véritable notoriété comme architecte, laissa une œuvre essentiellement instrumentale, de nombreux canzoni et concertos de valeur et des arrangements des musiciens de la Renaissance. Quant à Marcin Mielczewski (v. 1600-1651), avec plus de 40 pièces religieuses et quelques canzoni instrumentaux, quoique faisant preuve de grandes capacités techniques, il resta totalement sous l'influence des maîtres italiens. Il faut aussi citer Bartolomiej Pekiel (mort en 1670), auteur d'un Dulcis amor, concerto pour voix et instruments, et de plusieurs messes, Stanislas S. Szarzynski et Grzegorz G. Gorczycki (v. 1667-1734). Varsovie fut la première ville à fonder, vers 1625, un opéra en dehors des frontières de la péninsule italienne. Sans doute très atténué par cette véritable hégémonie italienne, l'élément polonais resta cependant inaltérable, et ce fut vers le milieu du xviie siècle que l'on vit se fixer dans son rythme et sa forme définitive cette danse spécifique, la polonaise.

Le xviiie siècle

Le « siècle des lumières » fut pour la Pologne un siècle d'obscurité. À l'extinction de la dynastie des Jagellon (1572), la couronne était devenue élective (1573) et passait de main en main, accélérant ainsi la ruine du pays. Après avoir successivement perdu la Livonie (1660), Smolensk et la rive gauche du Dniepr (1667), si l'on excepte le règne de Jean Sobieski (1674-1696), la Pologne fut plus que jamais soumise à des princes liges, tantôt inféodés au pouvoir russe, tantôt à la monarchie française ­ comme Stanislas Leszczy'nski (1704-1709). Le premier partage de la Pologne entre la Russie, la Prusse et l'Autriche eut lieu en 1772 ; le troisième fut définitif qui raya la Pologne de la carte du monde (1795). Trop occupés à mener une lutte épuisante pour leur survie, les Polonais reléguèrent les arts au second plan ; les talents se firent rares et de peu d'intérêt. Relevons toutefois l'apparition, au début du xviiie siècle, de la première sonate polonaise, œuvre de Szarzynski, et la fondation du premier théâtre d'opéra polonais à Varsovie (1766), ainsi que les noms de symphonistes comme Golabek ou Pietrowski.

Le xixe siècle

À la fin du xviiie siècle et au début du xixe, Felix Janiewicz (1762-1848), Joseph Elsner (1769-1854), fondateur du conservatoire de Varsovie, Karol Kurpinski (1785-1833), qui eut le mérite d'organiser la vie musicale en Pologne et de créer la première revue musicale polonaise Tygodnik Muzyczny (« la Semaine musicale », 1821), et Michal Kleofas Oginski (1765-1833) furent, avec quelques autres, les premiers à avoir doté leur pays d'une musique symphonique et de chambre. Oginski écrivit aussi un opéra dédié à Napoléon et un cycle de polonaises auquel Chopin devait se référer. Phénomène à part de la musique internationale, quintessence de l'« âme polonaise », tout auréolé d'un patriotisme douloureux, résumé en cette phrase par le poète Norwid : « Il a élevé l'esprit populaire au niveau de l'humanité », Frédéric Chopin a su d'une manière inimitable s'emparer des rythmes et des mélodies populaires et les acheminer jusqu'au sommet de l'art musical le plus raffiné. En 1927, son nom fut donné au concours international de piano, qui a lieu à Varsovie tous les cinq ans. Parmi les lauréats de ce concours, citons : Chostakovitch, en 1927 ; Malcuzynski, en 1937 ; Maurizio Pollini, en 1960 ; Marta Argerich, en 1965 ; Krystian Zimmerman, en 1975.

Après Chopin

Il ne fut, certes, pas facile aux autres compositeurs polonais de se faire reconnaître après Chopin. Stanislas Moniuszko (1819-1872) n'en fut pas moins le créateur de l'opéra national, avec 8 opéras, dont le Manoir hanté et Halka (1858), qui figure toujours au répertoire polonais. Compositeur extrêmement fécond, il écrivit en outre plus de 250 mélodies et fit beaucoup pour répandre la culture musicale en Pologne. Citons encore W. Zelenski (1837-1921), la famille Wieniawski, Adam, Josef, mais surtout Henryk (1835-1880), le « Paganini polonais », qui donna son nom au Concours international de violon de Pozna'n (1935), concours fort réputé, qui, comme le concours Chopin, a lieu tous les cinq ans (en 1935, et, après l'interruption due à la Seconde Guerre mondiale, depuis 1952). Les premiers lauréats de ce concours, en 1935, furent Ginette Neveu et David Oïstrakh.

Mieczyslaw Karlowicz (1876-1909) composa quelques œuvres marquantes, dont les Chants séculaires (Odwisczna Piesni) et une Rhapsodie lituanienne (Rapsodia Litewska). Le premier président du Conseil de la République polonaise, en 1919, Ignacy Paderewski (1860-1941), pianiste de renommée internationale, mais aussi compositeur, laissa, entre autres, sa Grande Symphonie Polonia, un concerto pour piano et un opéra, Manru.

Le xxe siècle

Au début de ce siècle, la création de la Philharmonie de Varsovie (1901) laissa espérer un souffle nouveau, mais la Philharmonie fut plus préoccupée d'une politique de prestige que de promouvoir la musique contemporaine. Contre cette tendance conservatrice, cinq jeunes musiciens se groupèrent alors sous le nom de Jeune Pologne (1906), dans le but de créer une musique novatrice : Mieczyslaw Karlowicz (déjà cité), Grzegorz Fitelberg (1879-1953), également chef d'orchestre de renommée internationale, L. Rozycki, A. Szelüto et Karol Szymanowski (1882-1937). Le style et l'esthétique restèrent communs jusqu'en 1914 ; puis chacun chercha sa voie, et ce fut Karol Szymanowski qui trouva celle du renouveau créateur. Virtuose du piano comme du violon, il développa l'écriture impressionniste de ce dernier instrument. Parti d'un style néoromantique (1905-1914), il fut influencé par Richard Strauss et Max Reger (pour ses deux premières symphonies), en passant par l'impressionnisme (Hagith, opéra no 1 ; le concerto no 1 pour violon ; la symphonie no 3, Chant de la nuit ; le premier quatuor, etc.). Après 1920 commença pour lui une période nationaliste, où il se rapprocha du folklore de son pays (Mélodies op. 46 ; le Roi Roger, opéra, etc.) et y trouva son accomplissement (Stabat Mater, 1926 ; Harnasie, ballet, 1931). Puis, ayant totalement absorbé ce folklore, il usa d'un style classique très dépouillé (Deuxième Quatuor, Concerto no 2 pour violon, Quatrième Symphonie concertante pour piano et orchestre). Sa dernière grande œuvre fut religieuse : Litanies pour chœur et orchestre.

La démarche et l'activité de Szymanowski imprégnèrent profondément la génération suivante ; sous son impulsion (il a été directeur du conservatoire de Varsovie de 1927 à 1932), les jeunes compositeurs polonais quittèrent leur pays, non seulement pour compléter leurs études de musique contemporaine à Paris, mais surtout pour découvrir et assimiler les grands courants qui animaient la vie musicale européenne. Et ce fut à la demande de Szymanowski que se créa à Paris en 1927 l'Association des jeunes musiciens polonais (1927-1950), regroupant sous la direction de Piotr Perkowski les étudiants du conservatoire de Varsovie (à souligner le rôle déterminant qu'exerça sur toute cette génération Nadia Boulanger). Au cours des années 30, quelques compositeurs donnèrent à la Pologne la possibilité de renouer le dialogue avec la musique internationale : à leur tête, Grazyna Bacewicz (1909-1969), violoniste virtuose, femme compositeur d'une grande indépendance d'esprit et d'une surprenante vitalité ; Andrzej Panufnik (1914) fut l'un des représentants les plus radicaux de l'avant-garde des années 40 (tous ses premiers manuscrits furent détruits durant la Seconde Guerre mondiale). À la même époque appartiennent J. Maklatiewicz (1899-1954), Tadeusz Szeligowski (1896-1963), Michal Kondracki et Kazimierz Sikorski (1896), qui, en dehors d'une production de valeur, se révéla un pédagogue de tout premier plan et l'un des grands promoteurs de la musique contemporaine. Notons que les premières compositions de Witold Lutoslawski (1913) datent aussi des années 30 (Sonate pour piano, 1934 ; Lacrimosa, pour soprano, chœur et orchestre, 1937 ; Variations symphoniques, 1936). Mais, pour tous ces jeunes compositeurs, la guerre fut non seulement la cause de dégâts matériels immenses (la quasi-totalité des manuscrits et documents de l'histoire polonaise furent détruits), mais aussi celle de dégâts spirituels. « Les Polonais ne doivent avoir ni théâtres, ni cinémas, ni salles de concert qui puissent leur rappeler ce qu'ils ont perdu », telles furent les directives de Goebbels au gauleiter de Pologne, Hans Frank.

En 1945, Varsovie n'étant plus que ruines, la vie culturelle et musicale reprit à Cracovie où furent fondées les Éditions musicales polonaises (sigle PWM), vigoureuses propagatrices de la musique contemporaine polonaise, et dont le rôle fut, et reste, d'un grand mérite pour l'essor musical de ce pays. Le nouveau régime, favorable au développement de la culture, instaura alors un mécénat d'État, qui n'alla pas sans heurts. Car, si cette initiative donnait aux musiciens polonais de grandes possibilités de réalisation (en 1945, 12 orchestres symphoniques, 3 opéras et plusieurs conservatoires furent créés), les directives officielles impliquaient malheureusement des règles stylistiques telles que la liberté créatrice était totalement étouffée. De 1945 à 1948, on peut dénombrer 43 auditions mondiales d'œuvres polonaises. Ensuite vint un long silence : dès 1948, le rideau de fer tombait entre les deux Europe, paralysant tout véritable échange culturel, toute libre émulation (de 1948 à 1956, pas une seule audition d'œuvre polonaise, en Europe de l'Ouest). Mais la déstalinisation (1956) amorça le dégel, libérant bientôt les forces vives. Dès lors, la vie musicale reprit avec une vigueur étonnante, et ce fut la création du festival de musique contemporaine, l'Automne de Varsovie, par Tadeusz Baird et Kazimierz Serocki. Précieux terrain d'échanges pour la musique de notre temps, ce festival eut le privilège de révéler au public un large éventail de talents (Penderecki, Gorecki, etc.) et de propager auprès du public polonais, et des auditeurs étrangers, la musique du xxe siècle (Stravinski, Webern, Varèse, Boulez, etc.). Ainsi vit-on s'ouvrir « la période la plus faste de l'histoire de la musique polonaise, dont on n'a pas encore, aujourd'hui, vu s'épuiser l'étonnante vitalité » (J. P. Couchoud). En témoignent W. Lutoslawski, Krzysztof Penderecki, Tadeusz Baird, Henryk Gorecki, Kazimierz Serocki.

Witold Lutoslawski (1913), après une période néoclassique, puis folklorique (concerto pour orchestre, Triptyque silésien, etc.), se forgea une technique personnelle de composition fondée sur la recherche de l'organisation des hauteurs du son (Musique funèbre, Jeux vénitiens). Cette méthode originale, aux effets sonores très élaborés, est fort différente des systèmes connus (sauf en ce qui concerne l'utilisation des séries de 12 sons), et ne ressemble en rien à la technique sérielle. Comblé de titres et de prix, W. Lutoslawski est considéré comme un maître classique de la musique contemporaine.

Krzysztof Penderecki (1933) se rendit célèbre en remportant ­ sous anonymat ­ les trois premiers prix (le premier et 2 seconds prix) du concours des jeunes compositeurs contemporains organisé par l'Union des compositeurs polonais (1959), avec Strophes, Psaumes de David et Émanations. Depuis, ce compositeur aux préoccupations humanistes et mystiques poursuit une démarche personnelle, où les influences littéraire et sacrée sont prépondérantes (Stabat Mater ; Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima ; Anaklasis ; la Passion selon saint Luc ; Dies irae ; les Diables de Loudun ; les Matines, etc.).

Tadeusz Baird (1928-1981) est cofondateur, avec Kazimierz Serocki, du festival d'Automne de Varsovie. Très slave par le climat de ses œuvres, il est un compositeur de tempérament romantique, qui ne dédaigne pas cependant les prospectives les plus avant-gardistes ; comme Penderecki, il est fortement inspiré par la littérature : 4 Essais pour orchestre, commentaire du Henri IV de Shakespeare (1956) ; Colas Breugnon (1951) ; Variations sans thème ; Symphonie no 3 ; Demain, opéra en 1 acte ; Lettres de Goethe ; Concerto lugubre (1975), etc. Il confesse que sa musique n'est autre que son « autobiographie écrite en sons ».

Les œuvres de Henryk Gorecki (1933), souvent brèves, indiquent une démarche à la recherche de l'origine même du son. Néanmoins, il semble plus préoccupé d'utiliser le matériau sonore à des fins émotives réelles qu'à des recherches de pures spéculations : Chant à la joie et au rythme (1957) ; Symphonie (1959) ; Genesis (1963) ; Ad matrem ; Symphonie copernicienne ; Euntes ibant et flebant (1972) ; etc. Sa vaste Symphonie no 3 « des Lamentations » (1976) lui a valu une renommée mondiale.

Kazimierz Serocki (1922-1981), le cofondateur du festival d'Automne de Varsovie, et avant-gardiste reconnu, est l'un des premiers, après la guerre, à avoir utilisé le système dodécaphonique, mais dans un contexte thématique et sous une forme lyrique : Musica concertante ; les Yeux de l'air (1957) ; Forte-piano (1968) ; Segmenti (1962) ; Continuum (1976) ; Fantasia elegica (1973) ; etc. Il faut aussi citer Augustyn Bloch (1929), Zbigniew Bujarski (1933), Edward Boguslawski (1940), Andrzej Dobrowolski (1921), Roman Haubenstock-Ramati (1919-1974), Wojciech Kilar (1932), Zygmunt Krauze (1939), Wlodzimierz Kotonski (1923), Jan Kranz (1926), Juliusz Luciuk (1927), Bernadetta Matuszczak (1937), Krzysztof Meyer (1943), Zbigniew Penherski (1935), Zbigniew Rudzinski, Boguslaw Schäffer, Tomasz Sikorski, Michal Spisak (1914), S. Skrowaczewski (1923), Witold Szalonek (1927), Marek Stachowski (1936), Romuald Twardowski (1930), Adam Walacinski (1928), Stanislas Wislocki. Il faut également citer trois compositeurs nés en 1951 : Eugeniusz Knapik, Andrzej Krzanowski et Aleksander Lason. Dans le domaine de la musique expérimentale, soulignons la création du Studio expérimental de la radiodiffusion polonaise, à la fin des années 50, celle du Grupa Krakowska, qui réunit des compositeurs comme Walacinski, Brzozowski, Kantor, Tchorzewski et Boguslaw Schäffer, l'un des pionniers de l'avant-garde polonaise et théoricien fort connu, la création de l'Ensemble de chambre MW.2 de Cracovie (1962) par Adam Kaczynski, celle de l'Atelier de musique de Varsovie (1963) par Zygmunt Krauze, celle, plus récente (1976), de la Galerie de musique de Varsovie, qui promeut par des « vernissages » musicaux de jeunes compositeurs, enfin le groupe varsovien de musique électroacoustique KEW, dont les principaux tenants sont Elzbieta Sikora et Krzysztof Knittel.