Orazio Vecchi

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur italien (Modène 1550 ? – id. 1605).

Il est éduqué à San Pietro de Modène et étudie la musique avec Salvatore Essenga, avant d'être ordonné prêtre. En 1577-78, il accompagne le comte Baldassarre Randoni à Bergame et à Brescia, puis est nommé maître de chapelle de la cathédrale de Salo en 1581. Il exerce les mêmes fonctions à Modène (1584-1586) et à la collégiale de Corregio (Reggio Emilia) de 1586 à 1591, où il est archidiacre en 1591-92. Il effectue, à cette époque, plusieurs séjours à Venise, pour y superviser l'édition de ses œuvres par Gardano et collaborer à la révision du graduel romain. De nouveau maître de chapelle à la cathédrale de Modène en 1593, il participe, par ailleurs, activement à la vie musicale à la cour de Cesare d'Este, qui le nomme « maestro di corte » en 1598, et accompagne en 1600 le cardinal Alessandro d'Este à Rome. Sa fidélité à la ville de Modène (il refuse, en 1603, de succéder à Ph. de Monte à la cour de l'empereur Rudolf II) ne l'empêche pas d'être évincé de son poste en 1604 par un élève envieux, Geminiano Capilupi, et il meurt quelques mois plus tard.

Ce fut un compositeur extrêmement prolifique, à la fois dans les domaines sacré et profane. Ses œuvres religieuses (un livre de motets à 4-8 voix, un livre de messes à 6-8 voix, des lamentations, des hymnes à 4 voix, des Sacrarum cantionum 5-8 voix, un Magnificat) sont écrites dans un style contrapuntique simple, soucieux de clarté, et il ne néglige pas, dans cette optique, les ressources de l'homophonie. Ce goût pour la simplicité est particulièrement évident dans sa musique profane, qui renferme ses œuvres les plus caractéristiques. Il a publié 6 livres de Canzonette (un à 3 voix, quatre à 4 voix, un à 6 voix), 2 livres de madrigaux (un à 5 voix, un à 6 voix), et 4 recueils de pièces récréatives : Selva di varia recreatione (1590), Il Convito musicale (1597), Le Veglie di Siena (1604) et L'Amfiparnaso (1597), sans aucun doute son œuvre la plus célèbre. Son intention est de traiter à égalité, tout en les contrastant, le piacevole et le grave, qui représentent, pour lui, les deux pôles de la vie humaine, et il y parvient en juxtaposant dans la même œuvre une grande variété de formes musicales (capricci, arie, balli, canzonette, madrigali, serenate, dialoghi, etc.), où les éléments pathétiques, parodiques et bouffons foisonnent, en accentuant le plus souvent le côté humoristique. Cette union est particulièrement bien réalisée dans L'Amfiparnaso, où l'ensemble des pièces s'insère dans un cadre dramatique (comedia harmonica en 3 actes et 1 prologue). Il constitue donc un chef-d'œuvre de synthèse de la musique polyphonique vocale profane italienne du xvie siècle, à l'heure où le genre dramatique se tourne résolument vers l'ère monodique.