Georges Migot

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur français (Paris 1891 – Levallois 1976).

D'ascendances franc-comtoises, ouvert à toutes les formes de la culture, il s'éveilla très tôt à la musique, composant un Noël à quinze ans. Admis au Conservatoire en 1909 dans la classe de composition de C. M. Widor, il assista en auditeur à toutes les classes instrumentales et suivit les cours d'histoire de la musique de M. Emmanuel.

Mobilisé en 1914, il fut grièvement blessé dès le mois d'août et, après une longue convalescence, reprit ses études que vinrent couronner les prix Lily-Boulanger (1918), Lepaulle (1919) et Halphen (1920). Enfin, en 1921, le prix de la fondation Blumenthal pour la Pensée et l'Art français lui fut décerné pour l'ensemble de son œuvre, qui comprenait déjà quelques-unes de ses partitions les plus importantes de musique de chambre (Trio, Quintette) et de musique symphonique (les Agrestides). Son ballet Hagoromo fut créé à l'Opéra de Monte-Carlo (1922). Ses Deux Stèles, sur des poèmes de Segalen (1925), confirmèrent l'intérêt qu'il portait alors aux arts de l'Extrême-Orient. Mais la tradition française demeura pour lui essentielle, et il l'affirma non seulement en écrivant un livre sur Jean-Philippe Rameau (1930), mais en composant son Livre des danceries pour orchestre (1929). L'œuvre de Georges Migot atteignit sa pleine maturité avec le Zodiaque, 12 études de concert pour piano (1931-32), les 17 Poèmes de Brugnon, du poète Klingsor, pour chant et piano (1933) et le Trio pour violon, violoncelle et piano (1935). La musique religieuse prit ensuite chez lui une place prépondérante : en témoignent le Sermon sur la montagne (1936), la Passion (1941-42) et Saint-Germain d'Auxerre, oratorio a cappella pour solos et 3 chœurs mixtes (1947). Suivirent le Petit Évangéliaire (1952), le Psaume 118 (1952) et le Requiem (1953). Son langage ne cessa de tendre vers une écriture plus souple, plus transparente, plus dépouillée et plus libre à la fois.

Spiritualiste, il fut aussi un indépendant. Son seul poste officiel fut celui de conservateur du Musée instrumental, qui lui fut confié en 1949 et qu'il occupa jusqu'en 1961. Ses dernières années furent éclairées par la ferveur de quelques disciples, mais on le joue assez peu. En 1973, la ville de Besançon lui rendit hommage en exposant ses tableaux et ses œuvres graphiques (car il fut aussi peintre, et peintre de talent) au Musée des beaux-arts.

L'art de Georges Migot est celui d'un humaniste qui n'a jamais dissocié la pensée de la technique. Le langage personnel qu'il s'est forgé en usant de modes mélodiques libres et d'harmonies qui recherchent l'apaisement plus que la tension, la couleur instrumentale qu'il emploie avec le souci de l'unité de ton (au sens pictural du terme), le recours à des formes musicales qui excluent les contrastes trop affirmés, tout cela s'inscrit dans une vision religieuse, sereine et sensible de l'univers. Il y a aussi, chez lui, le poète : sa musique possède une délicatesse de touche, une grâce souriante qui la situent dans la meilleure tradition française.