Michel Lambert

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Chanteur et compositeur français (probablement Champigny, Vienne, v. 1610 – Paris 1696).

Grâce à sa jolie voix d'enfant, il entra à Paris au service de Gaston d'Orléans. Devenu adolescent, il dut enseigner la musique à la fille du prince, la duchesse de Montpensier, dite la Grande Mademoiselle. Afin de perfectionner son chant selon la méthode italienne, il reçut les conseils de Pierre de Nyert avant de devenir, lui-même, le meilleur maître d'un art du chant spécifiquement français et le chanteur-compositeur préféré des salons de la société précieuse. En 1661, à la mort de Jean de Cambefort, Lambert fut nommé maître de musique de la Chambre du roi. Deux mois après, sa fille Madeleine épousait J.-B. Lully. Ainsi, et au moment de la création de l'Académie royale de musique, c'est Lambert qui forma les « actrices » et les instruisit dans l'art de la déclamation chantée. Sa réputation dépassa bientôt très largement les frontières.

Les airs et dialogues de Michel Lambert (plus de 200) appartiennent à un nouveau type, l'air sérieux, qui, proche encore de l'air de cour mais accompagné de la basse continue, annonce Lully. Ces airs ne comportent en général que deux strophes poétiques, le « simple » et le « double », ce dernier étant destiné à recevoir une ornementation vocale virtuose en laquelle Lambert excella. Il mit en musique la plupart des poètes précieux (Bouchardeau, G. Gilbert, F. Sarasin, J. Pascal, Pelisson, Benserade, P. Perrin). Il semble qu'il prit l'habitude de chanter ses airs en compagnie de sa belle-sœur, Mlle Hylaire (lui, la basse, et elle, le dessus), et de les accompagner lui-même au théorbe. C'est sous cette forme que parut, en 1669, à Paris, la réédition de vingt Airs de Monsieur Lambert…, dédiés à son maître Pierre de Nyert (1re éd., 1660). En 1689, il fit graver un livre d'Airs à une, deux, trois, quatre parties avec la basse continue (Ch. Ballard). Les pièces de ce recueil, souvent précédées de ritournelles instrumentales, qui témoignent d'une belle inspiration et d'une grande maîtrise technique, proviennent en majeure partie des ballets de cour auxquels il participa en tant que compositeur et interprète de petits rôles. Lambert serait également l'auteur des premières leçons de ténèbres pour voix seule et basse continue parues en France.