Karl Amadeus Hartmann

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Compositeur allemand (Munich 1905 – id. 1963).

Il étudia avec Joseph Haas à Munich (1924-1927) et prit aussi des leçons auprès de Hermann Scherchen, qui l'influença profondément, et d'Anton Webern (1941-42), qui cependant marqua moins sa musique qu'Alban Berg. Diverses œuvres, pour la plupart retirées par la suite, furent entendues avant la Seconde Guerre mondiale : le Concertino à Strasbourg en 1933, la symphonie Miserae à Prague en 1935, le premier quatuor à cordes à Genève en 1935, la cantate Friede – Anno 48 à Vienne en 1937, la symphonie l'Œuvre à Liège en 1939. Certaines devaient être réutilisées ultérieurement, comme le Concertino dans la symphonie no 5 ou l'Œuvre dans la symphonie no 6 ; d'autres sont perdues. La raison de ces auditions hors d'Allemagne est que, durant le régime nazi, Hartmann se retira complètement de la vie musicale dans son pays. Mais, dès 1945, il fonda à Munich, dans le but de faire connaître les œuvres contemporaines, l'importante association Musica viva. Il obtint successivement le prix de la ville de Munich (1949) et celui de l'Académie bavaroise des beaux-arts (1950), dont il devint membre en 1952, et, en 1953, il fut nommé président de la section allemande de la Société internationale de musique contemporaine. Sa seule œuvre scénique, à tendances pacifistes, est Simplicius Simplicissimus d'après Grimmelshausen, composée en 1934-35 à l'instigation de Scherchen sous le titre de Des Simplicius Simplicissimus Jugend, créée sous sa forme première en concert à Munich en 1948, puis à la scène à Cologne en 1949, révisée en 1955 et créée sous sa forme et son titre définitifs à Mannheim en 1956. On lui doit également, entre autres, un 2e quatuor à cordes (1945-46), un Concerto funèbre pour violon et cordes (1939, rév. 1959), un concerto pour piano, vents et percussion (1953) et un autre pour alto, piano, vents et percussion (1955), l'ouverture symphonique China kämpft (La Chine se bat, 1942).

Mais ce sont ses huit symphonies qui constituent le noyau de sa production. Elles font de lui, en ce domaine, l'un des maîtres du milieu du xxe siècle et, sans épigonisme aucun, le principal héritier en pays germaniques de la tradition brucknérienne et mahlérienne (cela malgré de fortes influences de Reger). La Première (1936, créée en 1948) se tient à part : d'abord appelée Symphonische Fragmente, elle est en 5 mouvements, 2 mouvements vocaux sur des textes de Walt Whitman entourant 3 mouvements instrumentaux. La Deuxième (1946, créée en 1950) est en 1 seul mouvement, 1 adagio en forme d'arche montant vers un sommet, puis retombant vers ses sources. La Troisième (1948-49, créée en 1950), ancrée dans « le paysage intellectuel de l'école viennoise » (Hartmann), fait un premier usage de la fugue. La Quatrième (1947, créée en 1948) est pour cordes. La Cinquième (1950, créée en 1951) porte comme titre Symphonie concertante. La Sixième (1951-1953, créée en 1953) est en 2 mouvements, dont le second constitué de 3 fugues. La Septième (1957-58, créée en 1959), la plus grande sans doute, la plus représentative en tout cas des divers aspects du style du compositeur, fait se succéder un premier mouvement mêlant les principes de la fugue, du concerto et du tutti orchestral, un vaste adagio et un finale centré sur le rythme. La Huitième (1960-1962, créée en 1963) est à nouveau en 2 mouvements seulement. À noter que, parmi les symphonies en 3 mouvements, la Cinquième avait, avant la Septième, adopté la structure vif-lent-vif, la structure inverse lent-vif-lent étant au contraire celle des Troisième et Quatrième. À sa mort, l'admirable figure qu'était Hartmann laissa presque achevée une ultime page grandiose, Gesangsszene pour baryton et orchestre d'après Sodome et Gomorrhe de Jean Giraudoux (création, Francfort, 1964).