Enrique Granados y Campiña

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Pianiste et compositeur espagnol (Lérida, Catalogne, 1867 – péri en mer 1916).

Il fit ses études à Barcelone avec Pujol (piano) et Pedrell (composition), puis à Paris. Un premier récital à Barcelone (1890) l'encouragea à entreprendre une carrière de pianiste qu'il poursuivit brillamment soit en soliste, soit avec des violonistes (Crickboum, Ysaye, Thibaud), des pianistes (Risler, Saint-Saëns) ou des ensembles de chambre (quatuor Crickboum). Après la présentation, à Madrid, de son opéra Maria del Carmen (1898), il mena de front la composition, la virtuosité pianistique et la pédagogie au conservatoire de Barcelone, dont il avait été le fondateur. Ses pièces pour piano, parmi lesquelles les 12 Danzas españolas (1892-1900), les Escenas romanticas (1904 ?), et surtout les Goyescas (d'après des peintures de Goya exposées au Prado, création en mars 1911) lui assurèrent la célébrité. Plus tard, il adapta la musique des Goyescas pour en tirer un opéra du même nom, dont la création, d'abord prévue à Paris, mais empêchée par la guerre, eut lieu à New York en janvier 1916. C'est au retour de cet ultime voyage aux États-Unis que Granados périt avec sa femme dans le naufrage du Sussex, torpillé dans la Manche par un sous-marin allemand. Imprégné de culture romantique, en particulier de Schumann, Chopin et Grieg, il fut un coloriste aussi délicat qu'Albéniz, mais l'Espagne qu'il évoque est plutôt celle, galante et ironique, du xviiie siècle que l'Espagne « mauresque » d'Iberia. Sans aucune prétention à la reconstitution folklorique, il apporta à ses premières pièces pour piano un raffinement poétique et une puissance d'émotion qui devaient s'épanouir encore plus par la suite. Dans les Tonadillas (1914) pour voix et piano et dans les Goyescas, il ne garda que l'esprit de la thématique et des rythmes populaires, et parvint à une expression aux résonances universelles.