Benjamin David, dit Benny Goodman

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Clarinettiste et chef d'orchestre de jazz américain (Chicago 1909 – New York 1986).

Il débuta dès l'âge de douze ans ; un peu plus tard, il fut engagé par Ben Pollack, qu'il quitta en 1929 pour se rendre à New York où, pendant quelques années, il fit carrière comme musicien de studio. En 1934, il forma un orchestre avec lequel, l'année suivante, à Los Angeles, puis dans tout le pays, il lança le style « swing », donnant ainsi au jazz la première place dans les goûts musicaux du public américain. Surnommé « King of Swing » ­ titre que plus d'un musicien noir eût pu lui contester si l'environnement social l'avait permis ­, Benny Goodman connut jusqu'à la guerre un succès sans précédent. Il en profita pour imposer au public blanc, souvent réticent, des musiciens de couleur, dont il estimait le talent : non seulement l'arrangeur Fletcher Henderson, auquel l'orchestre devait la meilleure part de son répertoire, mais encore des solistes tels que Teddy Wilson, Lionel Hampton, Charlie Christian, appelés à former avec lui des trios, quartettes et sextettes, dont le disque a laissé maints témoignages. L'ossature de l'orchestre resta blanche, avec des musiciens tels que Bunny Berigan, Harry James, Gene Krupa, qui, devenus célèbres chez Goodman, fondèrent à leur tour des orchestres « swing ». Après la guerre, Goodman poursuivit sa carrière avec moins de bonheur, à la tête soit d'un orchestre, soit d'un petit ensemble. Remarquable instrumentiste, il a également participé à des concerts de musique classique. À sa demande, Béla Bartók écrivit pour lui ses Contrastes (1939). En 1955, Hollywood lui a consacré un assez médiocre film : The Benny Goodman Story.

Type accompli du musicien professionnel, Benny Goodman a atteint un degré de maîtrise et de précision tel, qu'aucun musicien de pupitre, aucun soliste n'a pu, après lui, s'abandonner au laisser-aller des premiers temps du jazz. Chez lui, le goût de la perfection, le souci du travail bien fait marquent aussi bien le chef d'orchestre que le soliste : mais, si celui-ci dépasse par sa facture impeccable le niveau technique d'un Dodds, d'un Bechet, voire d'un Noone ou d'un Bigard, on ne trouve guère trace dans ses improvisations, sensibles, certes, mais assez académiques, de l'émotion musicale, du lyrisme qui animaient le jeu de ses grands prédécesseurs. De même, l'infleunce considérable de Goodman a été négative : après lui, la clarinette cesse d'être un instrument majeur dans l'histoire du jazz.