Antonio Gardane, dit Gardano

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Imprimeur italien, d'origine française (France v. 1509 – Venise 1569).

Il se fixe vers 1537 à Venise, où il obtient un privilège d'imprimeur, et, à partir de 1556, italianise son nom français, Gardane en Gardano. Il introduit en Italie la méthode d'impression de Pierre Haultin, qui utilisait des caractères comprenant à la fois la note et la ligne, ce qui permettait d'imprimer la musique en une seule opération au lieu de deux comme le faisait Petrucci. Il obtient, malgré la rivalité incessante de la firme Scotto, un succès grandissant. Ayant publié des œuvres littéraires à ses débuts, il se limite rapidement à la seule édition musicale. En 1538, soit un an après son arrivée à Venise, il publie trois recueils importants, Motetti del frutto, Canzoni francese a 4 et un premier livre de madrigaux d'Arcadelt, qu'il admirait beaucoup. Par la suite, il produit un second livre du même auteur ainsi que de nombreux recueils de compositeurs divers (Willaert, Rore, Lassus). Il publie relativement peu de recueils de chansons, accordant une place plus importante à la musique sacrée et surtout aux madrigaux, qui constituent l'essentiel de sa production. Il est lui-même l'auteur de nombreuses pièces, dont une soixantaine de chansons, deux messes et quelques motets. Leur succès fut si grand qu'elles furent rééditées par différentes firmes européennes (y compris Scotto, son rival vénitien) jusqu'en 1635. À sa mort, la maison est reprise par ses fils Alessandro et Angelo, puis après leur séparation en 1575, par Angelo seul qui, jusqu'à sa mort en 1611, lui conserve sa place privilégiée dans le monde de l'édition musicale italien. De fait, durant toute la seconde moitié du xvie siècle, la maison Gardano a pratiquement l'exclusivité de l'impression des madrigaux italiens. De son côté, Alessandro, qui se fixe à Rome de 1583 à 1591, reprend le métier de l'édition et imprime surtout de la musique sacrée (Giovannelli, Marenzio, Palestrina, Victoria). À la mort d'Angelo, la firme dont ses descendants tentent vainement de protéger l'existence se laisse peu à peu miner par la concurrence des autres maisons italiennes, en particulier Vincenti, pour disparaître définitivement vers 1685.