Wilhelm Furtwängler

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Chef d'orchestre et compositeur allemand (Berlin 1886 – Ebersteinburg, Baden-Baden, 1954).

Il étudia la composition avec J. Rheinberger et M. von Schillings à Munich, le piano avec Conrad Ansorge à Berlin, et, après avoir été chef d'orchestre à l'opéra de Strasbourg (1910), directeur de la musique à Lübeck (1911-1915) et chef d'orchestre à l'opéra de Mannheim (1915-1920), il succéda en 1922 à Arthur Nikisch à la tête de l'orchestre du Gewandhaus de Leipzig tout en prenant la direction de la Philharmonie de Berlin, avec laquelle il devait rester associé jusqu'à sa mort : d'où sa gloire et sa position unique, qui firent de lui le chef allemand le plus prestigieux de sa génération, et un des trois ou quatre plus grands de son temps. Directeur musical du festival de Bayreuth en 1931, il accepta diverses fonctions officielles à l'arrivée de Hitler au pouvoir, mais, très vite, il se heurta aux autorités, et, le 4 décembre 1934, se démit de tous ses postes officiels. Quatre mois plus tard, en avril 1935, il faisait sa réapparition dans un programme Beethoven (qu'en mai 1947 il devait redonner tel quel pour son premier concert à Berlin après la guerre), assura la direction musicale de Bayreuth en 1936-37, et jusqu'à la chute du régime, sans pouvoir se résoudre à émigrer, s'efforça de concilier une attitude qu'il voulait apolitique, les services qu'il estimait pouvoir rendre à la population grâce à la musique, ses actes de courage, ce qu'on voulut le voir faire et ce qu'inévitablement il lui fallut supporter. Après la guerre, il reprit ses tournées à travers le monde, et dirigea notamment aux festivals de Lucerne et de Salzbourg. Peu de chefs surent comme lui allier à l'intensité expressive le geste souverainement unificateur. Grand maître de la transition, il excella dans Beethoven, dans Wagner, dans Brahms, dans Bruckner, dans des œuvres comme la 4e symphonie de Schumann, d'une façon générale dans tout le répertoire allemand de Haydn et Mozart à Hindemith et à Richard Strauss, et aussi bien dans le domaine symphonique que dans l'opéra. Il a laissé de nombreux disques, et on en édite toujours de nouveaux en provenance des archives les plus diverses : depuis sa mort, sa réputation n'a subi aucune éclipse. Il fut également compositeur (un concerto pour piano, 2 sonates pour piano et violon, un quintette avec piano, 3 symphonies, un Te Deum et 2 chœurs pour Faust) et auteur de plusieurs livres et écrits très révélateurs de sa personnalité : l'édition française la plus complète et la plus récente porte le titre global de Musique et Verbe (1979).