Dietrich Fischer-Dieskau

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Baryton allemand (Berlin 1925-Berg, Bavière, 2012).

Élève du ténor Georg A. Walter, célèbre interprète de la musique de Bach et du répertoire de lieder, il débuta en 1947 à Fribourg-en-Brisgau dans le Requiem allemand de Brahms et parut pour la première fois sur scène en 1948 à la Städtische Oper de Berlin dans le rôle de Posa de Don Carlos de Verdi. Il a mené depuis une triomphale carrière internationale dans le domaine de l'opéra comme dans ceux du concert et du récital. Sa technique remarquable lui a permis d'aborder un répertoire d'opéra étonnamment vaste pour un baryton lyrique, répertoire qui s'étend à peu près à toutes les époques et toutes les écoles, du bel canto de Haendel à l'expressionnisme de Berg et à l'écriture contemporaine en passant par Mozart (Don Juan, le Comte dans les Noces de Figaro, etc.), Verdi (Falstaff, etc.), Richard Strauss (Mandryka dans Arabella, etc.) et Wagner (Wolfram dans Tannhäuser, Amfortas dans Parsifal, Sachs dans les Maîtres chanteurs, etc.). En récital, son génie s'impose de manière incontestable non seulement dans le lied romantique allemand (Schubert, Schumann, Brahms, etc.), mais dans tout le répertoire de la mélodie : école de Vienne, école française, etc. Son art, qui relève autant de l'expression verbale que de l'expression musicale, est fait de la restitution très fine de chaque détail des textes, consécutive à une réflexion sur leur sens profond. Esprit curieux, Fischer-Dieskau a participé à la création mondiale de nombreuses œuvres comme l'opéra de Frank Martin la Tempête (1956) ou le War Requiem (1962) de Britten, et il a tiré de l'oubli d'innombrables partitions : pages négligées de grands compositeurs (son monumental enregistrement de l'intégrale des lieder pour voix d'homme de Schubert témoigne de ce souci d'exhaustivité), œuvres de musiciens de second plan. Il a abordé aussi la direction d'orchestre. Penseur et écrivain, il est notamment l'auteur d'un ouvrage sur les Lieder de Schubert (Wiesbaden, 1971 ; trad. fr. Paris, 1979) d'une exceptionnelle hauteur de vue. Il a définitivement quitté la scène en 1993.