Jean Antoine de Baïf

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».

Poète, humaniste et musicien français (Venise 1532 – Paris 1589).

Il fit siennes les théories musicales de Platon, selon lesquelles la soumission de la musique à la poésie et l'union des deux à la danse engendrent les « effets » bénéfiques qu'on attend de l'éducation des futurs citoyens, dans une société harmonieuse. Pour produire ces effets, que les Grecs avaient obtenus par leur théâtre, Baïf fonda une Académie de poésie et de musique (1570) qui tint séance sous le patronage ­ et souvent en la présence ­ du roi Charles IX, dans la propre demeure du poète. Pour unir la poésie à la musique, Baïf agit en musicien et en orthophoniste : il écrivit une poésie mesurée d'après la durée relative des syllabes, longues ou brèves selon leurs sonorités, et d'après la combinaison de l'accent tonique avec les accents d'intonation. Mais, à son époque, la prononciation et l'orthographe françaises étaient indécises ; pour que le compositeur éventuel ne se trompât point sur les durées ni les interprètes sur la prononciation, il mit au point un système orthographique apte à transcrire avec précision la couleur des voyelles et le son des consonnes. Les plus grands musiciens de son temps tels Roland de Lassus, Nicolas de La Grotte, Claude Le Jeune et Jacques Mauduit, composèrent sur ses Chansonnettes et sur ses Psaumes. Il est juste de dire que, si la poésie mesurée n'a pas eu d'avenir, Baïf est, de tous les poètes français, celui qui a exercé la plus forte influence sur la musique de son époque.