saint Jérôme

en lat. Hieronymus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Père et docteur de l'Église latine (Stridon, Dalmatie, entre 340 et 350 – Bethléem 419 ou 420).

Après avoir été à Rome l'élève de Donat et avoir entamé une carrière de fonctionnaire impérial à Trèves, il se rendit en Orient et, après un séjour à Antioche (où il approfondit sa connaissance du grec et s'initia à la dialectique aristotélicienne), fit retraite pendant trois ans dans le désert de Syrie. En 379, à Constantinople, il rencontra Grégoire de Nazianze, qui lui révéla Origène. Rappelé en 382 à Rome par le « pape » Damase dont il devint le secrétaire, ce brillant intellectuel fut le directeur de conscience de dames de la noblesse romaine. À la mort de Damase, il retourna en Orient et fonda le monastère de Bethléem, où il se perfectionna dans la langue hébraïque et apprit l'araméen. C'est là qu'il mourut. Outre la traduction de la Bible en latin, Jérôme a laissé une œuvre considérable, comprenant des commentaires exégétiques, une abondante correspondance, des traités polémiques contre Origène et Rufin d'Aquilée, une continuation de la Chronique d'Eusèbe de Césarée, une histoire de la littérature latine chrétienne en 135 notices (De viris illustribus) et des vies de moines qui furent à l'origine de l'hagiographie. Enthousiaste, spontané, mais moralement très rigoriste et ayant parfois la dent dure, Jérôme se montre sans doute le plus érudit des écrivains chrétiens par sa culture trilingue (latin, grec et hébreu) et ses méthodes scientifiques de critique des textes. Sa traduction de la Bible (la Vulgate), réalisée en recourant au texte hébreu chaque fois que c'était nécessaire, devait rapidement supplanter les versions latines antérieures (dont les fragments conservés constituent la « Vetus Latina »), et faire autorité jusqu'à l'époque moderne. Mais son chef-d'œuvre littéraire demeure sa Correspondance, dont l'écriture talentueuse, assortie d'un humour souvent corrosif, a pu le faire considérer comme le plus grand épistolier latin après Cicéron.