littérature lapone

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

La « langue » lapone, qui appartient à la famille finno-ougrienne, recouvre en fait trois idiomes différents parlés par des communautés, nomades ou sédentaires, peu nombreuses, mais établies sur de vastes aires géographiques : il y a donc lieu de distinguer un lapon de l'Est, parlé par des populations de pêcheurs dans la péninsule de Kola (autour de Mourmansk), un lapon du Centre, autour des montagnes de Finlande où l'on élève le renne, et un lapon du Sud, plutôt situé dans la Scandinavie de l'extrême Nord. Ces idiomes, proches du finnois, ont, depuis les temps historiques, été imprégnés par les langues voisines, ce qui explique le grand nombre de dialectes (une bonne cinquantaine) qu'ils connaissent. On doit à Per Fjellström l'édition, en 1755, d'une grammaire et d'un dictionnaire du lapon austral.

Avec le romantisme, de nombreux chercheurs ou curieux vont s'intéresser au folklore lapon, remarquable en soi, mais aussi pour les réminiscences inconscientes qu'il véhicule de traditions, païennes notamment, héritées des cultures avec lesquelles les Lapons se sont trouvés en contact au fil des siècles. Les 4 volumes des Contes et Récits lapons (1927-1929) de J. Qvigstad illustrent cette diversité. Ce folklore met souvent en scène un certain Stallo, qui proviendrait de traditions vikings, magiques (son chien a le pouvoir de ressusciter les morts), ou archaïques et immémoriales (c'est alors un géant cruel qui, à Noël, s'empare des petits enfants) ; peut-être relève-t-il encore d'un archétype sacré (on le représente volontiers sous forme d'un phallus de bois auquel est voué un culte processionnel).

Mais ce n'est vraiment qu'au cours du xixe s. que la poésie lapone, pourtant connue depuis 300 ans, prendra son essor avec le pasteur Anders Fjellner, qui récrira (Chants lapons, 1876) les grands poèmes narratifs ou épiques, « la Fille du soleil », « les Fils du soleil », « l'Épaisse Pelisse », dans le même mètre que le Kalevala. C'est le départ d'une production autochtone qui ne se démentira plus : Johan Turi (1854-1936) raconte voyages et chasses (Depuis la montagne, 1931) dans une langue vivante et pittoresque. Anders Larsen, Lapon de Norvège, publie en 1912, son roman Jour naissant, dont la valeur est exemplaire : un jeune Lapon, passé à la culture occidentale, mais incapable de s'y adapter, décide de rentrer parmi les siens pour découvrir qu'il y est devenu un étranger. Autour de 1930, le nomade Anta Pirak dicte son autobiographie au Dr Harald Grundström, qui la publiera d'abord en suédois, puis dans l'original. Il faut souligner la valeur d'Orage montant, (1940) recueil d'Aslak Guttorm. Les nouvelles générations, dont les représentants les plus actifs sont les Finlandais Nils-Aslak Vakeapää (né en 1943) et Kirsti Paltto (né en 1947), sont animées d'idées plus critiques et satiriques. Depuis presque un siècle, une presse indépendante éditée notamment en Norvège (l'Étoile du Nord) et en Finlande (le Lapon) unit la communauté.