littérature guarani

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay composent pour l'essentiel le territoire des Indiens Guaranis. Aujourd'hui réduits à quelque 6 000 individus, ceux-ci sont dispersés en de petites communautés d'agriculteurs. Réfractaires à toute forme d'intégration au monde blanc, ils conservèrent longtemps un silence farouche autour de leurs croyances et traditions orales. Les premiers recueils de mythes, contes et prières datent du xvie siècle et sont dus aux missionnaires jésuites. Le corpus mythologique, d'une relative pauvreté en regard de celui des autres populations indiennes d'Amérique, est composé de trois mythes que l'on retrouve dans des versions différentes sur presque tout le territoire amérindien : le mythe des jumeaux, le mythe d'origine du feu et celui du déluge universel. Si des divergences existent entre les récits recueillis chez les Mbyá-Guaranis, chez les Ava-Guaranis ou Chiripás, chez les Tupinambas ou chez les Apapokuvás, tous s'ordonnent autour des mêmes schémas : l'inceste, tabou majeur commis par deux des habitants de la première terre, va déclencher le déluge universel qui mettra fin à ce premier monde. Les premiers habitants de la nouvelle terre sont le futur soleil et la future lune ; tous deux fils de l'épouse du grand dieu, mais de père différent, ils connaîtront une longue suite de mésaventures tragiques ou comiques avant de rejoindre leur père au firmament. La possession du feu, privilège qui distingue l'homme de l'animal, constitue la phase finale de l'émergence de l'actuelle humanité. Si tous les Indiens sont à même de raconter les mythes propres à leur tribu, seuls quelques sages sont les détenteurs respectés des prières, invocations et chants magiques nécessaires à la célébration des événements de la vie des Guaranis. Migrations religieuses, jeûnes, hymnes et invocations, toutes les pratiques et toute la pensée du monde religieux des Guaranis sont dominées par la soif de franchir l'espace qui sépare l'homme des dieux, le terrestre du divin.