diatribe

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Dans l'Antiquité et en un sens parfois repris par les érudits des xvie et xviie s., c'est d'abord un écrit en forme de débat, puis une critique violente, le plus souvent sur un ton injurieux. En Grèce, la diatribe, à l'origine simple dialogue entre maître et disciple, devient dès le iie s. av. J.-C. un genre littéraire complexe : elle est alors une forme populaire de prédication morale, pratiquée par les philosophes mendiants de l'école cynique. Prêchant le détachement, la soumission au sort, sans référence à aucune doctrine systématique, elle mêle à une rhétorique savante, héritée des sophistes, anecdotes édifiantes, fables allégoriques, sentences de personnages célèbres et, surtout, dialogues fictifs avec l'auditeur, en questions brèves et pressantes. La diatribe cynique connut une telle vogue jusqu'à la fin de l'Empire romain que Sénèque en adopta la forme dans ses traités de morale, et qu'elle marqua de son influence la prédication chrétienne. Aux xvie et xviie s., le nom de diatribae est donné à des ouvrages de controverse littéraire ou théologique. Au sens moderne, le mot apparaît pour la première fois chez Voltaire (en 1734), qui le donna pour titre à plusieurs de ses opuscules (la Diatribe du docteur Akakia, contre Maupertuis, 1751).