Zâgwê

(Vies des rois)

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Recueil de chroniques éthiopiennes (xve s.).

À Cerulli revient le mérite d'avoir regroupé en un Cycle des Zâgwê plusieurs œuvres de prose guèze que rapproche leur communauté d'inspiration et de forme, bien que les auteurs, lieux et dates de rédaction semblent différents. Il existe quatre ouvrages (peut-être en découvrira-t-on d'autres) qui appartiennent au genre hagiographique (comme l'indique le terme de gadl, qui figure dans le titre de chacun) plus qu'au genre biographique. Cependant, pour qui sait les lire, et malgré les emprunts des uns aux autres soulignés par Cerulli, ils contiennent d'utiles données historiques.

La dynastie Zâgwê a régné du Lâstâ sur l'Éthiopie, avant de céder la place aux Salomonides, d'environ 1150 à 1270. Trois des derniers rois Zâgwê : Lâlibalâ, le plus fameux, son neveu et successeur Na'âkweto La-Ab et le successeur de celui-ci, Yemerhânna Krestos, ainsi que l'épouse de Lâlibalâ, la reine Masqal Kebrâ, ont donc, grâce à leur réputation de sainteté, obtenu une place dans l'hagiographie des couvents du Lâstâ, vers le milieu du xve s.

Les Actes de Lâlibalâ ont été publiés presque intégralement ; ceux de Na'âkweto La-Ab ont été édités par Conti Rossini avec quelques imperfections qu'on n'attendait pas d'un si grand maître ; Kur considère que les Actes de Masqal Kebrâ sont trop peu originaux pour mériter une publication ; enfin ceux de Yemerhânna Krestos sont entièrement inédits.

Bien que ces textes soient fort tardifs par rapport aux faits rappelés et plus soucieux d'édification que de vérité historique, leur contenu est particulièrement précieux pour la connaissance d'une époque peu riche en documents et quelque peu oubliée par l'historiographie. Quant à la forme, les auteurs se sont conformés aux règles du genre : clichés répétés, ton assez docte et péremptoire, avec toutefois des accents de vigoureuse polémique quand il s'agit de stigmatiser les ennemis du saint. Cerulli insiste trop sur ce qu'il croit être l'apparition de la prose rimée dans ces textes à l'imitation de la littérature arabe. S'agit-il réellement de prose ? Rien ne permet de l'affirmer avec certitude.