Roger Vitrac

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain français (Pinsac, Lot, 1899 – Paris 1952).

Son enfance se déroule en province ; elle est perturbée par les conflits familiaux et la Grande Guerre, qui marqueront profondément sa création. Pendant son service militaire, Vitrac rencontre Crevel, Limbour et Arland, avec lesquels il fonde la revue Aventure. Il prend part aux manifestations dada, puis rejoint le groupe d'André Breton en collaborant à Littérature. Ses poèmes (Humoristiques, 1927 ; Cruautés de la nuit, 1927 ; la Lanterne noire, posthume), rassemblés dans Dés-Lyre (1964), témoignent d'un surréalisme absolu fondé sur les jeux verbaux, le hasard et l'humour. Un récit en prose, Connaissance de la mort (1926), en explore les limites. Vitrac est cependant exclu du surréalisme avec Artaud, en 1926, pour « déviation artistique ». Avec ce dernier, il fonde le Théâtre Alfred-Jarry, qui monte deux de ses pièces : les Mystères de l'amour et Victor ou les enfants au pouvoir. Son œuvre dramatique comprend trois cycles : le « théâtre de l'incendie », regroupant ses essais présurréalistes (le Peintre, Entrée libre, 1922 ; les Mystères de l'amour, 1924), équivalents du « théâtre de la cruauté » ; la trilogie autobiographique (Victor ou les Enfants au pouvoir, 1928 ; le Coup de Trafalgar, 1930 ; le Sabre de mon père, 1950), qui dénonce l'univers petit-bourgeois vu par un enfant épris d'absolu ; et « la vie comme elle est », rassemblant les pièces ultérieures au surréalisme (le Camelot, 1936 ; les Demoiselles du large, 1938 ; le Loup-garou, 1940), et qui, sans complètement renoncer à l'onirisme, s'exercent à des variations sur le drame bourgeois. Représentant le plus caractéristique du surréalisme au théâtre, Vitrac annonce par sa dramaturgie les réalisations des années 1950.