Michel Grinberd, dit Michel Vinaver

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Auteur dramatique français (Paris 1927).

Après s'être essayé au roman (Lataume, 1950 ; l'Objecteur, 1951), il se consacre à l'écriture dramatique parallèlement à ses fonctions de directeur d'une grande entreprise. Son théâtre renouvelle les thématiques dramatiques traditionnelles en traitant de l'immédiate actualité politique et sociale : la guerre de Corée dans les Coréens (1955), les troubles politiques en France durant la guerre d'Algérie (les Huissiers, 1958, dont l'auteur propose une nouvelle version pour le metteur en scène Alain Françon en 1999 ; Iphigénie Hôtel, 1959), les difficultés du monde de l'entreprise et de l'emploi (Par dessus bord, 1969 ; la Demande d'emploi, 1971 ; les Travaux et les Jours, 1979 ; À la renverse, 1980), l'impact des médias (l'Émission de télévision, 1988). En 1978, Jacques Lassalle monte Dissident il va sans dire et Nina c'est autre chose en regroupant les deux pièces sous le titre de Théâtre de chambre. C'est effectivement sous le signe d'une dramaturgie plus resserrée, qui joue à la fois du théâtre-récit et de l'oratorio, que se situent ses dernières pièces : King (1999), consacrée à King C. Gillette, fondateur de l'entreprise dont Vinaver fut directeur, et 11 septembre 2001 (2002). Faits divers, préoccupations concrètes du monde du travail, échos fragmentaires des grands événements politiques et culturels composent un univers éclaté, peuplé d'antihéros qui n'aperçoivent jamais que quelques rouages de l'immense machine qui les fait se mouvoir et qui les broie. Vinaver fait état des répercussions quotidiennes de l'Histoire, fragmentant celle-ci et refusant d'en donner une lecture globale. Il se livre à une recherche formelle exigeante et consacre une importante partie de son travail à la réflexion critique (Écrits sur le théâtre, 1981).