Tarjei Vesaas

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain norvégien d'expression norvégienne (Ytre Vinje, Telemark, 1897 – Oslo 1970).

Imprégné des légendes de la Norvège, lecteur non seulement des auteurs norvégiens tels que Knut Hamsun, mais aussi de Lagerlöf, de Kipling et de Tagore, il tâcha, non sans mal, de se faire un nom dans le monde des lettres. Il débuta par une série d'histoires sentimentales, voire mélodramatiques. Une tétralogie (le Voyage du père, 1930 ; Sigrid Stallbrokk, 1931 ; les Inconnus, 1932 ; Des cœurs entendent les voix de leur pays, 1938) consacrée à l'évolution de son héros, Klas Dyregodt, évoque le thème de la lutte entre les forces destructrices et créatrices de l'univers, le mystère de la vie et de la mort. Le Grand Jeu (1934), puis Des femmes appellent à la maison (1935) retracent la vie d'une contrée à travers le regard à la fois lucide et rêveur qu'un enfant jette sur le monde. Toutefois, dès 1934, un drame pacifiste de style expressionniste (Ultimatum) dit la peur de l'écrivain face à la guerre. La Maison dans la nuit (1945), roman allégorique, analyse les rapports souvent ambigus de l'oppresseur et de l'opprimé sous l'occupation allemande et démontre que l'être vrai ne se révèle que dans l'épreuve. Dans les Oiseaux (1957), Mattis, l'idiot du village, vit avec sa sœur jumelle Hege. Il possède un don que les êtres « normaux » ont perdu : celui de s'émerveiller devant la poésie des choses. Lorsque sa sœur tombe amoureuse d'un bûcheron, il s'efface au sein d'une nature qu'il a su si bien comprendre. Le Palais de glace (1963), les Ponts (1966) sont d'émouvantes créations de cœurs purs, de simples d'esprit ou de petites filles, seuls capables d'apprivoiser un monde hostile. Ouvert aux influences nouvelles de la littérature, Vesaas fait figure de pionnier en introduisant les tendances plus modernistes dans la poésie norvégienne (le Feu et la Foudre, 1947 ; Bonne Chance aux voyageurs, 1949 ; le Pays des feux cachés, 1953 ; Rêve, renouvelle-toi, 1956) et élabore un roman de forme purement surréaliste (le Feu, 1961), en situant l'action dans un monde de rêve dont les aspects sont tirés de la réalité. Son dernier roman, le Bateau du soir (1968), en partie autobiographique, rassemble les thèmes majeurs de son œuvre, conjonction exacte entre l'inspiration typiquement scandinave, inséparable de la nature, et la réflexion moderne sur un monde décadent.