Tibulle

en lat. Albius Tibullus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète lyrique latin (vers 50 – 19 ou 18 av. J.-C.).

Nous savons peu de chose sur la vie de Tibulle, né dans une riche famille équestre de Pédum, près de Tibur, dans les monts Albains. Dès 31, une amitié profonde le lie à M. Valerius Corvinus Messala, grand seigneur, général rallié à Octave et protecteur d'un cercle de poètes. Attaché à son état-major, Tibulle le suit en Aquitaine et en Orient ; mais, tombé malade à Corcyre, en 29, il rentre à Rome et se consacre à la poésie. Dès lors, lié d'amitié avec Horace, Virgile, Properce, Ovide, il évoque sa passion pour Délie, avec laquelle il rompra pour connaître une brève aventure avec un jeune homme, Marathus ; en 26-25, il publia son premier livre d'Élégies consacrées à Délie et à Marathus. Dans le livre II des Élégies, parues sans doute après sa mort prématurée, il évoque un troisième amour pour une jeune femme qui, à cause de sa cruauté, est surnommée Némésis par le poète. Ces deux livres d'élégies formeront avec d'autres poèmes composés par des amis de Tibulle, membres comme lui du cercle de Messala, le Corpus tibullianum. À l'instar de son ami Properce, Tibulle confie au mode élégiaque l'expression d'une suite de situations passionnelles typiques et conventionnelles dont l'évolution correspond à l'élaboration du poème. L'artifice même des situations évoquées affadit les sentiments prêtés aux personnages : l'amour devient galanterie, et l'hymne à la nature, bergerie. Ce mode d'expression convient au tempérament à la fois sensuel et mélancolique de Tibulle et le rythme musical de ses poèmes, dans lequel le thème principal est prétexte à de nombreuses variations, traduit bien la nostalgie rêveuse du poète.