Gabriel Randon de Saint-Amand, dit Jehan Rictus

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Poète français (Boulogne-sur-Mer 1867 – Paris 1933).

Chantre du Paris populaire, figure célèbre des cabarets, il connaît une enfance sombre (qu'il retrace dans son roman autobiographique de 1906, Fil de fer) et les difficultés d'une vie de bohème montmartroise. Autodidacte épris de poésie, il fréquente les anarchistes et les poètes de la Butte ; il se lie d'amitié avec Albert Samain et fonde les soirées de diction de la salle Harcourt pour y lire ses poètes de prédilection. À partir de 1896, il commence à se produire avec un vif succès au Cabaret des Quatz'Arts et au Chat noir, sous son nom de plume, Jehan-Rictus, en référence à la poésie médiévale et à un vers de Villon : « Je ris en pleurs... » Ses poèmes, d'une remarquable expressivité, transcrivent le parler des faubourgs dans le vers de la chanson et associent continuellement l'argot au langage littéraire ; dans la musique heurtée, syncopée, très orale, de ses vers, il donne voix – plus crûment que Richepin ou Bruant – aux plus démunis et aux marginaux qu'il ne cessera de chanter. En 1897, ses Soliloques du pauvre sont publiés, avec de très beaux dessins de Steinlen. Suivront les Doléances (1899), les Cantilènes du malheur (1902), le Cœur populaire (1914), la Pipe cassée (1926). L'une de ses comédies sera jouée au Théâtre de l'Œuvre en 1905 (Dimanche et Lundi férié ou le Numéro gagnant, 1905). Polémiste ardent, il compose deux pamphlets contre ses bêtes noires, F. Sarcey (1895) et E. Rostand (1903). Parmi ses nombreux admirateurs figurent Léon Bloy, Mallarmé, Apollinaire, Max Jacob, Carco.