Boris Andreïevitch Vogau, dit Boris Pilniak

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire mondial des littératures ».

Écrivain russe (Mojaïsk 1894 – Moscou 1938).

Fils d'Allemands de la Volga, il subit l'influence précoce des recherches formelles du symbolisme (Remizov, Biely, Merejkovski). Peintre de la vie provinciale, dont ses premiers récits évoquent la torpeur (le Dernier Vapeur, 1918 ), il offre dans l'Année nue (1921) une image apocalyptique de la révolution, qu'il perçoit comme un vaste chaos, une tempête provoquée par le heurt de deux mondes dont l'issue est l'effondrement d'un ordre pluriséculaire. Mais, surtout, Pilniak ne raconte pas, il rassemble, « collectionne » (il disait avoir avec les mots le même rapport qu'un numismate avec les pièces de monnaie) des matériaux linguistiques – néologismes, slogans, proverbes, termes dialectaux... – pour évoquer, selon une technique de montage, ou de collage, cette période. Il développe dans ses romans ultérieurs (Tempête, la Troisième Capitale, Machines et Loups, 1922-1925) cette vision de la révolution comme émergence d'énergies longuement refoulées, celles d'une Russie originelle, paysanne et païenne. Mais son goût naturaliste du détail cru (l'acte sexuel est pour lui l'expression de cette force élémentaire) comme sa peinture cruelle de la société nouvelle (Histoire de la lune non éteinte, 1926 ; Acajou, 1929) en font la cible d'une attaque en règle, à l'issue de laquelle il publie son autocritique. Malgré un roman d'édification (La Volga se jette dans la Caspienne, 1930), puis une satire anti-américaine (O. K., 1933), il est arrêté en 1937 et meurt en déportation.